Le mythe Pollock
L’intérêt est grand de redécouvrir l’œuvre de Jackson Pollock, ce peintre majeur de l’art américain. Depuis ses premières réalisations inspirées par les muralistes mexicains jusqu’à ses « dripping » de 1947.
Musée Picasso
Né en Californie en 1912, Jackson Pollock commence ses études artistiques à Los Angeles mais son esprit subversif le fait renvoyer de son école deux ans plus tard ; il part alors pour New-York où il s’inscrit à l’Art Student League. Près de cent œuvres figurent dans l’exposition depuis ses débuts, période de recherche avec la reconstitution du contexte artistique et intellectuel dans lequel il a évolué. Pollock a été influencé par l’art amérindien autant que par l’art américain et les avant-gardes européennes, en particulier par Picasso.
Le parcours propose les moments importants de sa création de 1934 à 1947, qui ont créé le « mythe Pollock » ; il révèle l’intensité et la particularité de son œuvre tant en peinture qu’en sculpture. Dans les années 1930 il découvre la peinture des Indiens d’Amérique, leurs emblèmes totémiques ainsi que les muralistes mexicains qui lui ouvrent une nouvelle dimension de la création. Si ses premières œuvres sont figuratives aux alentours de 1937, certaines compositions révèlent l’influence de Picasso. Les dix mois qu’il passe au Mexique en 1943 lui permettent de travailler avec le peintre Orozco.
Le surréalisme qui apparaît aux États-Unis au moment de la guerre de 1940 avec l’arrivée de peintres européens réfugiés : Masson, Max Ernst, Miro et d’autres, ont exercé une forte influence sur Pollock. Plus que par l’image, il est intéressé par la nouvelle lecture de l’inconscient. Fasciné par Guernica, il est grandement influencé par Picasso ; c’est la période où la France perd son hégémonie artistique au profit des États-Unis même si Picasso demeure la référence majeure. Pollock a découvert l’artiste lors d’une exposition du peintre au MoMa. Il réalise alors des dessins hybrides où le bestiaire puise ses sources dans Les Demoiselles D’Avignon, ainsi que dans les masques. Birth une composition verticale faite de fragments de figures déformées et stylisées rappelle les mâts totémiques.
Pollock s’approprie l’espace au gré de ses pulsions.
Dans les années 1940, il réalise des sculptures très personnelles dans lesquelles il unit visage humain et animal ; il s’intéresse également aux masques qui entre 1938 et 1941 sont omniprésents. Entre 1940 et 1943 New-York devient la capitale surréaliste en raison de la présence de peintres français réfugiés : Breton, Masson, Duchamp, Ernst autant d’artistes qui renforcent aux États-Unis l’intérêt pour la psychanalyse, l’automatisme, l’inconscient. Pollock participe aux ateliers d’écriture automatique organisés par Matta.
Sont également réunis des dessins psychanalitiques réalisés en 1939 et c’est en 1947 que le peintre invente la technique du dripping laissant couler sur la toile la peinture contenue dans une boîte percée.
Pollock a créé une œuvre à partir de son instinct rejetant les alibis de la figuration ; il a transformé l’ordre en chaos et a offert du monde une image forte et singulière.
Référence : AJU016p4