Le pavillon personnel du Président
Ce pavillon à la mer personnel du président Mitterrand est estimé 400/600 €
Beaussant Lefèvre
Lorsqu’un chef d’État se déplace, son véhicule, qu’il s’agisse d’une automobile, d’un aéronef ou d’une embarcation, arbore sa marque. Louis XIV ne faisait évidemment pas flotter son pavillon sur son carrosse. Le Roi Soleil substitua, en revanche, la cornette blanche au pennon de France pour signaler sa présence parmi ses troupes. Ceci pour la simple raison que ce drapeau se distinguait de loin. Si le pavillon blanc était hissé à la proue des bâtiments de guerre, les vaisseaux ont arboré de tout temps le pavillon particulier aux couleurs des armes et livrées du haut personnage qui se trouvait à bord. Les pavillons amiraux, d’abord personnels, devinrent anonymes et simples marques de grade. À partir de la monarchie de Juillet, le pavillon personnel du chef de l’État sera tricolore. Il est évidemment rare d’en voir passer en vente publique.
Il en est pourtant un qui a « flotté » dans le catalogue du 6 décembre 2024, Histoire & chevalerie, présenté par la maison Beaussant Lefèvre, assistée par l’expert Jean-Christophe Palthey. Le pavillon à la mer du président de la République, François Mitterrand a, en effet, été présenté à la vente avec une estimation de 400/600 €, mais sans trouver preneur. Ce pavillon de forme carrée, tricolore, est orné en sa partie centrale de son symbole personnel adopté le 8 avril 1982 : un arbre mi-chêne mi-olivier en broderie d’or. Il est partiellement replié dans un cadre doré (64x65cm). Le pavillon particulier du président de la République apparut pour la première fois avec le décret du 20 mai 1885, explique l’expert en le citant : « Le bâtiment monté par le président de la République arbore au grand mât le pavillon carré aux couleurs nationales, au centre duquel ses lettres initiales sont brodées en or. Toute autre marque distinctive est alors rentrée. L’embarcation montée par le président de la République porte le même pavillon à l’avant et le pavillon national à la poupe ». À l’origine, le pavillon tricolore ne fut orné que par le simple monogramme d’or des présidents de la République. Les uns – Casimir Périer, Félix Faure, Alexandre Millerand – enlacèrent leurs initiales ; d’autres – comme Carnot, Émile Loubet, Armand Fallières, Gaston Doumergue, Albert Lebrun, Vincent Auriol, René Coty et Georges Pompidou – inscrivirent simplement, en or sur blanc, les deux lettres de leur chiffre. Sous le régime de Vichy, le maréchal Philippe Pétain fit frapper le blanc de son pavillon de son bâton de maréchal orné d’une francisque.
Le général de Gaulle choisit de reprendre la croix de Lorraine, symbole de la France libre. Valéry Giscard d’Estaing prit un faisceau de licteurs. Depuis Jacques Chirac, les présidents de la République utilisent un drapeau tricolore frangé d’or, sans autre signe distinctif que la cravate blanche, marquant la fonction présidentielle de chef des armées. Un souvenir de la corvette blanche. François Mitterrand est le dernier président de la République à avoir personnalisé son pavillon.
Référence : AJU016s5
