Le procès d’une enfant perdue

Publié le 08/03/2023

L’Iconoclaste

La chronique judiciaire est un exercice journalistique difficile. Beaucoup ont tenté l’expérience et peu de journalistes ont réussi à se faire un nom dans les prétoires. Pascale Robert-Diard est pourtant de ceux-là ! Ses chroniques judiciaires font les bonnes feuilles du Monde et ses écrits sont toujours empreints d’humanité. On aime suivre avec elle le récit de ces tranches de vies qui finissent souvent dramatiquement sur le banc des accusés.

Quelques grands écrivains ont eux aussi pris place dans des salles d’audience, à l’image d’Emmanuel Carrère et son V13 ou encore Joseph Kessel, dont il faut lire ou relire Jugements derniers : Le procès Pétain, de Nuremberg et d’Eichmann, procès qu’il suivra en tant qu’envoyé spécial pour France Soir, mais également ses reportages dans Détective.

Si les assises fascinent, il est pourtant difficile de retranscrire avec justesse et sans jugement ce qui se passe dans ces derniers lieux de démocraties directes… Pourtant, à force de fréquenter les tribunaux, Pascale Robert-Diard sait nous transporter avec elle, humanise les récits qui ne font parfois même pas la une d’un quelconque journal. La justice quotidienne, celle des comparutions immédiates mais aussi celle des affaires sales et tristes, où il n’y a que du malheur…

Est-ce à l’occasion d’une de ces audiences que l’idée lui est venue de nous conter l’histoire de Lisa Charvet et de son avocate, Maître Alice Théry, dans La petite menteuse, parue aux éditions L’Iconoclaste ?

Ce roman retrace l’histoire d’un mensonge, du tourbillon dans lequel peuvent basculer des vies à cause d’un mensonge, le vrai, le gros. On ne parle pas ici d’une omission ou d’une contre-vérité, mais bien d’un mensonge… et comment la justice peut parfois ne plus s’arrêter !

Alors comment faire pour replacer l’histoire dans son contexte, familial, éducatif, local… Comment la vérité peut stopper le mensonge et replacer les protagonistes dans leur humanité, transcender cette contre-vérité pour défendre l’être humain ?

Un drame qui devient une leçon de vie. À l’heure de #MeToo, comment raconter l’histoire d’une jeune fille qui a menti en accusant un homme innocent de viol ?

Pourquoi sa parole a-t-elle été crue, pourquoi lui, pourquoi une erreur judiciaire a-t-elle pu être commise et comment y faire face… c’est un peu tout cela que raconte ce roman.

Sans voyeurisme ni manichéisme, Pascale Robert-Diard développe son récit. Elle nous raconte l’histoire d’un mensonge, mais surtout comment la vérité et la justice peuvent et doivent y faire face. Une histoire d’humanité et de justice sur un sujet sensible qui ne laisse personne indifférent.

La petite menteuse, Pascale Robert-Diard, Éditions L’Iconoclaste, 20 €, 216 p.

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