Le retour de la vierge de Brando

Publié le 23/09/2024

Ce retable de la Renaissance figurant Une Vierge en trône est retournée dans son écrin d’origine, à Brando, en Corse.

De Baecque et Associés

La petite ville de Brando en Cismonie, région du Cap Corse, vient de récupérer un trésor. Un panneau de retable, représentant La Vierge en trône tenant l’Enfant, entourée de quatre anges musiciens (rectangulaire, peinture mixte sur fond d’or guilloché, sur panneaux de bois, le cadre en bois sculpté et doré gothique). Cette « Madone de Brando », a été attribuée par le cabinet Turquin à deux artistes florentins travaillant en Ligurie vers 1500, Rocco di Bartolomeo et Simone da Firenze. Ce joyau de la Haute Renaissance, daté du début du XVIe siècle, acquis en 1839, par le collectionneur Albin Chalandon, devait être mis en vente le 1er mars 2023 à Drouot par la maison De Baecque & Associés. Mais la veille, cette œuvre fut retirée à la demande du ministère de la Culture qui assurait qu’elle appartenait au domaine public.

Le retable a rejoint récemment l’église de Brando, sa région d’origine. Il avait en effet été commandé par le couvent Saint-François de Castello (construit en 1474) où il demeura jusqu’à la Révolution. Le couvent fut détruit et les tableaux qui y étaient conservés ont été transférés dans l’église paroissiale de Brando. Albin Chalandon (1809-1885) – l’arrière-grand-père de l’ancien ministre (1920-2020) – l’acquit en 1839, avec l’accord du maire de Brando et de l’évêque, Mgr Casanelli. Si le préfet avait décidé de valider cette transaction, c’était en interdisant toute vente future des autres tableaux entreposés par les paroissiens. « Malheureusement, nous ne savons plus rien de tous ces tableaux qui ont tous disparu. »

Albin Chalandon, polytechnicien, ancien capitaine, était un grand collectionneur de primitifs dont un grand nombre est désormais conservé dans les plus grands musées (Louvre, National Gallery, etc.). Le retable, lui, est resté dans la famille et a ainsi pu être sauvé. « Cette acquisition, précise Me de Baecque, a permis de sauver et de conserver l’œuvre, elle est aujourd’hui la seule qui nous soit parvenue parmi toutes celles qui ont été transférées du couvent Saint-François. » Il reste qu’une procédure juridique a été entamée entre le ministère de la Culture et la maison de vente, à coups de décrets anciens dont nous vous épargnerons la liste, afin de déterminer si le retable appartenait au domaine public ou privé ? Finalement, afin d’éviter une querelle byzantine qui n’aurait pourtant pas manqué d’intérêt, un protocole d’accord fut signé en janvier 2024 avec les héritiers d’Albin Chalandon. En échange de 350 000 €, selon l’estimation de l’œuvre, sa propriété a été transférée au profit de la commune du Cap Corse. La collectivité de la Corse a alloué une subvention de 280 000 €, le solde de 70 000 €, a été réuni grâce aux dons récoltés par la Fondation du patrimoine. Le 16 juillet, la Madone a retrouvé son écrin d’origine dans la chapelle Sainte-Marie de Brando, le temps d’une cérémonie religieuse, avant de rejoindre les collections du musée de la Corse à Corte.

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