Le roi des poids lourds
Ce camion Berliet « GDR 7D (1949), 4 cylindres, 19 CV diesel » a été adjugé 102 000 €
Rouillac
Marius Berliet (1866-1949) réalisa en 1894 son premier moteur dans un appentis de la propriété familiale et monta l’année suivante sa première voiture. On l’a oublié, Berliet débuta en effet comme constructeur automobiles. Et avec un certain succès : « Les 300 voitures produites en 1903 ont bonne réputation : simples, solides, puissantes ; leur notoriété dépasse la région lyonnaise », note une encyclopédie. Mais, pourquoi Berliet n’a-t-il pas poursuivi son activité dans la construction des automobiles particulières et a-t-il développé celle des camions ? « Nous sommes Lyonnais et étions installés dans la capitale des Gaules. Or de la même manière que les Lyonnaises n’achetaient jamais de chapeaux dans leur ville, mais à Paris, les Lyonnais commandaient des voitures à Paris et non à Lyon. Quant au camion, son approche était différente, car il s’agissait d’un outil de production », avait confié Paul Berliet (1918-2012) au cours d’un entretien réalisé en 2006.
Le nom de la marque Berliet a disparu des usines, mais reste dans la mémoire grâce aux camions, poids lourds, cars et engins divers. Le plus gros camion du monde conçu pour circuler dans le Sahara était un Berliet ; le T100 sortit des chaînes en 1957, pesait 50 tonnes à vide pour une longueur de 15 mètres, une hauteur de 5 mètres et une puissance de 700 CV. Il en exista 4 exemplaires. Le dernier coule une retraite méritée depuis 1981. Jacques Passenaud (1932-2022), un ancien ferrailleur aurait, nous l’imaginons, souhaité ajouter à sa collection – la plus grande française de poids lourds – un T100. Il a néanmoins réussi à acquérir un T30U, daté de 1968, d’une puissance de 335 CV et affichant une charge utile de 30 tonnes. Ce poids lourd faisait partie des quelque 72 camions composant son musée, installé à Cormenon dans le Loir-et-Cher. L’intégralité de cet insolite ensemble a été dispersée sur place, le 30 septembre 2023 par la maison Rouillac de Vendôme, avec un résultat, pour 100 % de lots vendus, de près d’un million d’euros. Ce T30 a trouvé preneur à 3 100 €.
Parmi les mastodontes proposés, figuraient naturellement des Berliet. Notamment, un « GDR 7D (1949), 4 cylindres, 19 CV diesel » à la carrosserie bleue et noire qui a été adjugé 102 000 €, ce qui constitue un joli record. Ce modèle est équipé d’une benne à caisse en bois et basculement hydraulique signée Berliet. Après la Libération la production reprit chez Berliet avec trois modèles, le VDC 6 D de 5 tonnes, le GDR 7 D de 7 tonnes et le GDME 10 de 10 tonnes. Ceux-là étaient directement dérivé des modèles diesel d’avant-guerre et des modèles à gazogène. GDR 7 D est encore équipé de freins à câble et animé par un quatre cylindres diesel MDB 3 R de 7,2 litres et 85 chevaux. Nous avons remarqué un autre Berliet, un GLM 10 R, de 1958, à 6 cylindres, 150 CV à 2000 tours, carrossé en citerne pétrolière par Lebel, a été vendu 31 000 €. Ce modèle doté d’une cabine semi-avancée, est facilement reconnaissable et comme tous les autres d’un même aspect, subsistera jusque dans les années 1970.
Rouillac, Route de Blois, Vendôme, 41100
Référence : AJU010t8
