Le royaume mérovingien oublié
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La présente exposition cerne les débuts de la période médiévale, lorsque régnait la dynastie mérovingienne, de la fin du Ve siècle au milieu du VIIIe siècle.
Le roi Clovis meurt en 511. Avec les succès militaires qui furent les siens et son alliance avec l’Empire romain d’Orient, Clovis était parvenu à constituer un immense royaume. Ses quatre fils décidèrent de partager ce vaste territoire, et l’aîné, Thierry, obtint la partie orientale, avec Reims pour capitale. Faisant ainsi place aux anciennes provinces romaines, apparut le royaume des Francs de l’Est. Il reçut le nom d’Austrasie. Par la suite, des souverains conquérants de cette dynastie étendirent les frontières vers l’est et vers le sud, tout en y intégrant des territoires périphériques comme la Provence, l’Auvergne ou la basse vallée de la Loire.
Au cours de deux siècles, l’Austrasie demeura un territoire en constante évolution, et quant aux populations qu’elle abritait, celles-ci possédaient des origines, des langues et des coutumes très différentes. Pourtant, les auteurs anciens parlèrent des « Austrasiens » comme un groupe solidaire, et divers indices permettent de deviner un réseau de grandes familles, unies par des projets communs.
L’Austrasie, simple construction administrative et dynastique à l’origine, sut devenir un grand espace de vie et d’expressions caractéristiques, avec une culture dynamique.
Les récentes découvertes archéologiques dans l’est de la France, particulièrement à Saint-Dizier, et la relecture des manuscrits de cette époque, permettent aujourd’hui de nous éclairer sur la vie quotidienne et sur l’organisation sociale de ce royaume. Car il fut le berceau des premiers rois Francs, les Mérovingiens, et ce royaume s’étendait au-delà de l’est de la France : la Belgique, le Luxembourg et l’ouest de l’Allemagne. Entre 511 et 717, cette « terre de l’est », cette Austrasie, fut un royaume puissant qui rayonna sur le plan politique aussi bien qu’économique. Le nom « Austrasie » disparut cependant des mémoires, contrairement à la Bourgogne ou à l’Aquitaine, qui furent aussi de grands royaumes à cette époque.
Les musées de Cologne et de Stuttgart, le musée d’Amay et les musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles et le musée national d’histoire et d’art du Luxembourg ont prêté de rares ensembles, comme les bijoux de la dame de Grez-Doiceau ou les éléments d’architecture de la tribune de la première église abbatiale d’Echternach, aux entrelacs délicatement ciselés. D’autres objets, fruits des recherches archéologiques menées en France sont montrés, comme l’anneau et la fibule attribués à l’évêque Endulus, découverts lors de fouilles dans l’ancienne abbaye Saint-Evre de Toul, en 1974 ; le mobilier funéraire de la tombe d’un jeune chef mise au jour en 2002 à Saint-Dizier ; ou des objets du quotidien découverts dans un habitat rural à Prény en Lorraine.
En parcourant cette exposition, nous observons que ces vestiges soulignent que nous sommes loin de la légende noire des souverains mérovingiens que bâtirent Evariste Luminais ou Eugène Philastre au XIXe siècle.