Le sommeil de Madame Perronneau

Publié le 07/06/2022

Ce pastel, Madame Perronneau endormie, portrait de la femme de l’artiste, est affiché 80/100 000 €.

F. Baulme Fine Arts

Si l’on souhaitait représenter Séléné, la fille des Titans Hypérion et Théia, déesse de Lune, nous proposerions Charlotte Perronneau endormie. Son mari, le peintre Jean-Baptiste Perronneau, a réalisé son portrait au pastel sur vélin (51 x 41 cm), et a ainsi rendu toute la délicatesse de ses traits adoucis dans son sommeil. Cette œuvre est présentée par la galerie Franck Baulme avec une estimation comprise entre 80 et 100 000 €.  Comme toujours dans ses portraits, Perronneau offre une analyse psychologique fine et réaliste de son modèle. Il recherche selon sa propre expression « l’âme du portrait » pour donner l’illusion de vie. « Ici plus que dans ceux d’autres modèles, la fragile délicatesse de ce pastel trahit les sentiments de grande tendresse de l’artiste pour son épouse », dit le galeriste. Perronneau exécuta plusieurs portraits de sa femme, notamment Le Réveil ou Madame Perronneau en Aurore, conservé au musée des Beaux-Arts d’Orléans.

Perronneau, qui étudia auprès de Charles-Joseph Natoire, exposa pour la première fois au Salon de Paris en 1746 et se fit immédiatement remarquer par la qualité de deux portraits, celui du peintre Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), à dominante de vert et de bleu, et celui du sculpteur Lambert Sigisbert Adam (1700-1759), à dominante de verts. Sans sa rivalité avec un autre virtuose du portrait au pastel, Maurice-Quentin de La Tour (1704-1788), il aurait pu davantage s’imposer. Il dut attendre 1753 pour connaître réellement le succès et être reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Il ne participa pourtant plus au Salon dans les années 1770 ; on le retrouva, en revanche, dans des grandes villes, notamment à Bordeaux, Toulouse et Lyon et encore en Europe, à Turin et à Rome, à Hambourg, en Angleterre, en Espagne, en Pologne, en Russie et aux Pays-Bas. Certains historiens ont laissé entendre que cet « exil » aurait pris sa source dans sa rivalité avec Maurice-Quentin de La Tour.

Madame Perronneau, née Louise Charlotte Aubert, était âgée de 26 ans lorsque son mari réalisa ce portrait en 1766, sans doute après la naissance de leur deuxième enfant, Alexandre-Joseph-Urbain. De leur union naquirent trois enfants. Devenue veuve à l’âge de 42 ans, elle se remaria avec un autre peintre qui aurait été un élève de Perronneau, Jean-Baptiste-Claude Robin (1734-1818). À propos de ce mariage,  Dominique d’Arnoult, le biographe de Perronneau, révèle qu’il faillit ne pas avoir lieu faute de certificat de non-consanguinité. Il eut finalement lieu, et nous n’en savons pas plus. Toujours est-il que Dominique d’Arnoult, a recensé 414 portraits peints par Jean-Baptiste Perronneau, dont 306 au pastel, 92 à l’huile et 4 en dessins, plus 12 œuvres à la technique indéterminée.

• F. Baulme Fine Arts, 1 quai Voltaire, 75007 Paris

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