Le son du Guarnerius de Régis Pasquier

Publié le 16/05/2022

Ce violon, conçu à Crémone en 1736 par le luthier Guarneri et depuis propriété de Régis Pasquier, est estimé 4/ 4,50 M€.

Aguttes

« On vit, jours et nuits, avec son violon, et on le connaît dans ses moindres recoins », confie Régis Pasquier, salué du titre de « meilleur violoniste du monde », par Michel Plasson après l’Introduction et Rondo capriccioso de Saint-Saëns joué plus de 5 fois d’affilée lors du Concours international de direction d’orchestre de Besançon. Contrairement à un pianiste qui change d’instrument à chaque concert, le violoniste joue quasiment toujours avec le même. C’est la raison pour laquelle il entre en quête de l’instrument parfait ! Cette quête est aussi celle d’un idéal sonore, clé de la plénitude pour l’artiste. La rencontre avec le « del Gesù » fut pour Régis Pasquier l’aboutissement de cette recherche et il en fut comblé. Après avoir parcouru le monde avec lui et joué sur toutes les plus grandes scènes internationales, durant une vingtaine d’années, et donné en moyenne 70 concerts chaque année, le musicien a décidé de se séparer de son « fidèle compagnon ». « Ce n’est pas un abandon, mais une démarche de transmission à l’attention de la jeune génération », explique-t-il.

Cet instrument sorti en 1736 des mains du luthier Bartolomeo Giuseppe Guarneri dit « del Gesù » (1698-1744), sera mis en vente le 3 juin prochain à Neuilly-sur-Seine, par la maison Aguttes, avec une estimation de 4/4,5 M€. Ce violon est complet en toutes ses parties principales et se présente avec un magnifique fond d’une pièce en érable ondé. La table d’harmonie, de deux pièces, est en épicéa à pores fins et réguliers. La tête et les éclisses sont en érable à ondes moyennes et régulières, et le vernis de couleur brun orangé sur fond or.

Avec Antonio Stradivari, del Gesù est considéré comme étant le meilleur luthier à ce jour. L’un et l’autre, issus de Cremone, ont produit en effet des instruments aux sonorités exceptionnelles jamais imitées. Plus de 1 000 instruments de Stradivarius nous sont parvenus, et quelque 150 seulement pour Guarnerius. Selon Régis Pasquier, « Stradivarius et Guarnerius produisent des sons très différents, presque incomparables : les violons du Gesù conservent leur douceur mais possèdent une profondeur et une noirceur de son inégalées que certains joueurs préfèrent. En effet, une grande partie de sa renommée posthume repose sur Paganini, qui considérait le Cannon de 1743 comme son instrument le plus cher ».

Avant Pasquier, David Oïstrakh, l’un des violonistes les plus illustres du XXe siècle, joua de ce del Gesù pour un concert. C’est un autre monstre sacré, Isaac Stern, qui enseigna à Régis Pasquier la matière sonore ou l’art de créer un son. Il se remémore la révélation que fut pour lui la puissance sonore exceptionnelle du « del Gesù », lors de la séance de test à la salle Gaveau parmi une sélection de 8 violons célèbres : « Cet instrument sonne tout seul ; il offre une résonance exceptionnelle ».

• Aguttes, 164 bis avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine

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