Le souvenir de la rue Neuve-Notre-Dame

Publié le 15/05/2023

D’Eduard Gärtner, La rue Neuve-Notre-Dame à Paris. Tableau peint en 1826 et adjugé 161 000 €

Millon & Associés

Sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, avec un peu d’imagination on peut penser distinguer de gros pavés de couleur claire. Ces derniers marquaient l’emplacement de la rue Neuve-Notre-Dame qui existait autrefois, avant qu’elle ne soit submergée par les travaux de transformation de Paris menés par le baron Haussmann dans les années 1860. Cette rue, supprimée en 1874, était longue de 76 mètres et partait de la place du Parvis pour donner sur la rue du Marché-Palu, devenue celle de la Cité en 1834. Cette rue Neuve-Notre-Dame conduisait directement à la cathédrale Notre-Dame de Paris, d’où son nom. C’est ainsi que la vit en novembre 1825, le peintre berlinois, Eduard Gärtner (1801-1877). Il en exécuta un dessin au crayon noir et rehauts de blanc sur papier (21,5 x 16,7 cm), qui a été adjugé 10 880 €, à Drouot, le 23 mars 2023 par la maison Ader. Ce dessin préparait le tableau conservé à Potsdam, à la Fondation des châteaux et jardins prussiens de Berlin-Brandebourg. Il en existait une autre version montant des variantes, notamment au niveau des personnages, et des affiches sur les murs, intitulée aussi La rue Neuve-Notre-Dame à Paris et datée également de 1826. Selon les experts, ce tableau serait antérieur à celui conservé à Potsdam. Il vient d’apparaître sur le marché et a été vendu 161 000 € à Drouot, le 21 avril 2023 par la maison Millon.

Le passé architectural de Paris est toujours empreint de surprises. Dans le cas présent, après l’incendie de la cathédrale, ce quartier va subir de nouvelles transformations et il va devenir de plus en plus difficile d’imaginer le passé des lieux. À l’emplacement du parvis, se dressait au XIIe siècle la basilique Saint-Étienne, cathédrale tutélaire de l’évêque de Paris depuis le Ve siècle, qui fut détruite vers 1160. Il y avait eu, non loin de là, une autre église Notre-Dame, incendiée par les Normands en 856 et aussitôt reconstruite. Louis VII, dit « le Jeune » puis « le Pieux », aurait eu l’idée de développer cette église dédiée à Marie, et on aurait décidé de percer en face du parvis (laissé libre par l’église Saint-Étienne abattue) une rue qui permettrait d’apporter les matériaux nécessaires à la construction de la nouvelle église. La rue Neuve se serait appelée ainsi jusqu’au XIIIe siècle, puis Neuve-Notre-Dame. Elle est citée dans Le Dit des rues de Paris par Guillot de Paris (1280-1300), sous la forme « rue Neuve-Nostre-Dame ». Elle apparaît sur le plan de Truschet et Hoyau (vers 1550), ainsi que sur le « Plan Turgot » (1734/1739). En 1793, les révolutionnaires la renommèrent « rue de la Raison ». Ils cherchaient une nouvelle déesse ; il semble qu’elle leur a fait faux bond…

La rue Neuve-Notre-Dame a permis le passage des grandes processions religieuses durant son existence. Aujourd’hui, une dalle scellée au sol rappelle son existence. On aimerait parfois que les pierres puissent parler elles aussi.

Millon, 19 rue de la Grange Batelière, 75009 Paris

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