Le Val d’Arly en hiver
Dans le pays de Savoie Mont-Blanc, le Val d’Arly est un territoire blanc où le ski est autre. Rien à voir avec les grandes stations de Tarentaise telles Les 3 Vallées ou Val d’Isère-Tignes. Au Val d’Arly, on vit la montagne différemment, de manière familiale, entre terroir, savoir-faire des temps anciens, traditions ancestrales.
La Giettaz en Aravis.
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Oubliées les usines à ski, les stations où le béton domine et où le front de neige s’apparente aux barres d’immeubles de certaines banlieues. Le Val d’Arly est un chapelet de 6 communes (Crest-Voland/Cohennoz, Flumet/Saint-Nicolas-la-Chapelle, La Giettaz en Aravis, Notre-Dame-de-Bellecombe) où les chalets en bois succèdent aux mazots aux cheminées coniques et aux fermes pour l’élevage de vaches laitières.
Comme en Suisse, ici on prend son temps, et cet hédonisme proclamé est pour le plaisir de tous, en particulier celui des familles. Débutants et enfants sont rois : les pentes sont douces et adaptées aux skieurs qui démarrent. Pour autant, le skieur confirmé trouve aussi son bonheur, car le Val d’Arly est « connecté » à plus de 290 kilomètres de pistes de ski réparties en deux domaines, l’Espace Diamant avec 192 kilomètres de pistes et Les Portes du Mont-Blanc avec 100 kilomètres.
Entre les Aravis, le Beaufortain, le Mont-Blanc, la particularité de cette région de Savoie toute tournée vers la nature est d’être très ouverte. Pas de vues sur quelques monts enchâssés entre deux vallées étroites de montagne, mais quelle que soit la piste, un panorama grandiose très ouvert sur toutes les chaînes montagneuses environnantes et, du nord au sud, une vue sur le Mont Charvin et le Mont-Blanc.
Aux glisses traditionnelles skis aux pieds (alpin, fond et snowboard) s’ajoutent des pratiques plus nouvelles (Télémark, ski joëring). Mais pour ceux qui ne veulent pas skier, les idées de distraction, en l’occurrence des activités de plein air, sont nombreuses, allant du chien de traîneau aux raquettes, en passant par le parapente, la cascade de glace, le snake gliss…
Le ski bob pour ressentir les plaisirs de la glisse sans savoir skier
Vous avez envie de comprendre ce qu’est le ski ; mais n’avez plus le courage de vous atteler à une semaine de cours. Vous aimez la vitesse et les sensations sans trop de frayeur ou de crainte d’une jambe cassée… Pensez au ski bob ! Une heure à peine de leçon avec un moniteur et vous pourrez descendre et vous faire plaisir.
Il s’agit d’une espèce de vélo, les pieds en appui sur des trottinettes (des minis skis). Peu technique si on veut s’amuser d’emblée, la pratique est relativement facile. Si vous êtes fan de moto, vous serez familier de la manière de se coucher sur le bob en inclinant le corps et en faisant contrepoids avec sa jambe, et vous profiterez de bonnes vitesses sans risque majeur.
Si les conditions d’enneigement et de météo le permettent, la coupe mondiale de ski bob aura lieu au Val d’Arly du 26 au 28 janvier prochain : un spectacle à ne pas manquer !
Skier en compagnie d’aigles
C’est là une idée très originale et le résultat d’un partenariat entre un fauconnier soucieux de faire revivre en milieu naturel des aigles nés en captivité et la station en quête de sensations inédites.
Un aigle encadré par deux fauconniers en haut et en bas des pistes va voler près d’un groupe de dix personnes tout au long de leur descente à ski. Magique pour les skieurs, car ils peuvent voir le vol planant du rapace à quelques mètres d’eux. L’intérêt est dans la proximité avec l’oiseau.
Les aigles et leurs fauconniers seront présents cette année du 27 février au 2 mars : inscrivez-vous vite pour participer à une descente initiatique.
Où loger et se nourrir ?
• Châlet Hôtel Le Mont Charvin
Voilà un hébergement de charme que nous vous conseillons sur la commune de Crest-Voland/Cohennoz, car il est familial, pas trop grand (18 chambres), décoré dans le style montagnard pour une ambiance alpine, bien situé dans un village où il est possible de partir directement skier du front de neige sans voiture ou navette à prendre.
À l’image du chien Lucky qui vous attend à l’entrée, votre séjour dans ce trois étoiles au prix raisonnable sera paisible (de 115 à 145 € la chambre pour 2 personnes selon la basse ou la haute saison et la taille de la chambre ; de 140 à 190 € pour 4 pers).
• La Ferme de Victorine
Allez savoir qui s’amuse le plus, des vaches de la race Abondance derrière leur vitrine regardant d’un air monotone les clients se régaler des fromages de leur lait ou les consommateurs eux-mêmes charmés par l’originalité du bétail qui dîne avec eux ? Que vous soyez vous-même un grand enfant ou que vos bambins vous accompagnent, vous serez nécessairement surpris et amusés par cette situation improbable.
Les vaches ont vue sur la salle de la Ferme de Victorine.
Office de Tourisme du Val d’Arly / Amandine Bibollet-Ruche
Pour notre part, c’est la première fois que nous prenions un repas avec des laitières à quatre pattes ! En réalité, la Ferme de Victorine, une institution à mi-chemin entre l’épicerie et le restaurant d’autrefois, est une affaire de famille depuis presque un siècle (1921). Aujourd’hui, le bâti de bois est un gros chalet accolé à une ferme d’une cinquantaine de vaches laitières. Les propriétaires ont eu l’idée de faire une grande vitrine entre l’étable et la salle de restauration et même l’odeur de fumier, au premier abord surprenante, s’estompe, s’oublie pour faire place aux vapeurs chaudes et herbacées de foin coupé ; nos charmantes bêtes ruminant inlassablement leur fourrage.
Dans votre assiette, du gastronomique orchestré par un chef soucieux de sortir des plats montagnards classiques que sont les crozets, les fondues ou la tartiflette (néanmoins si vous en voulez, ces plats figurent à la carte). Place à des veloutés de panais avec des rondelles d’os à moelle, à de généreux pot-au-feu surmontés de pâte feuilletée, à des bricks d’agneau à la menthe, à une côte de veau de lait infusée aux herbes des Alpes, à une déclinaison sucrée autour de la chicorée et l’orange, à des macarons coco-passion sorbet mangue, à des chaud-froid de crème au chocolat sur mousse crémeuse aux noisettes.
L’esthétisme des plats, la recherche des alliances en matière de saveurs a fait que cette table est gratifiée d’un Bib Gourmand par le Michelin. Comptez de 25 à 48 € selon les menus et environ 50 € à la carte.
• Les Bougnettes
Difficile de trouver cet endroit-là ! C’est une adresse surtout connue des autochtones : cette auberge table d’hôtes n’est répertoriée dans aucune brochure touristique et seul le bouche-à-oreille fonctionne, la réservation de votre repas étant indispensable.
Après 20 années dans une aciérie, le propriétaire de ce chaleureux chalet d’autrefois a totalement changé de vie. Gilles Canova, visiblement amoureux de la Savoie, entend vous faire partager sa passion pour la région côté gastronomie. Aujourd’hui, ce n’est plus par une sortie en raquettes, mais par la découverte des plats ancestraux, par la mise en lumière de la gastronomie des débuts de ce pays montagnard. Pas de croziflette ici, ni de raclette, mais un réel souper savoyard qui tient au corps côté calories ; un repas comme seuls les montagnards d’antan en préparaient pour affronter froids et vents.
Cette cuisine roborative est excellente et quasi bio. Notre Savoyard vit en semi-autarcie, cultivant ses légumes et faisant lui-même tous ses plats et ses boissons, des apéritifs aux gâteaux et au génépi.
Place à des S’pas de gruaux, une soupe à l’orge perlé et au lard ; à des farçons (galette de lamelles de pommes de terre longuement revenues à la poêle avec lard et oignons) accompagnés de diots ou de jarrets de porc ; à des rissoles et des bugnes ainsi qu’à l’incontournable gâteau de Savoie.
C’est authentique, à des encablures des établissements qui veulent « faire terroir ». Cela sent la France profonde, celle d’antan telle qu’on l’aimait. Comptez entre 22 et 27 €.