L’Égypte, premières impressions

Publié le 06/08/2019

Zangaki, Sphynx et pyramides

Collection particulière G. Fournier Tous droits réservés

L’Égypte fascina, nous fascine et fascinera encore demain, tant son histoire millénaire, ses vestiges et sa religion gardent toujours certains de leurs mystères, malgré les recherches, les traductions et les études depuis Jean-François Champollion. L’exposition du musée Champollion retrace, avec des photographies des années 1850-1880 et des objets issus de fouilles archéologiques de la même période, les parcours et les regards qu’eurent ces photographes-voyageurs sur les sites de l’ancienne Égypte.

Des photographes, vers les années 1840, après l’invention de Jacques Daguerre, furent curieux de vérifier les dessins de Dominique Vivant-Denon et les descriptions des travaux et des découvertes de Champollion. Ces premiers photographes allèrent en Égypte pour recueillir « le strict reflet de la réalité ». Ils vinrent de toute l’Europe, et ils étaient artistes, archéologues ou écrivains. Certains d’entre eux s’y installèrent définitivement. Ils n’étaient pas de simples aventuriers, ils avaient un solide bagage intellectuel qui leur permis non seulement de pratiquer un art encore difficile à maîtriser, mais ils purent côtoyer de hauts dignitaires égyptiens et suivre les travaux des égyptologues pour les immortaliser.

Parmi ces pionniers, Maxime Du Camp occupe une place particulière. Il fut en effet le premier à rapporter suffisamment de photographies de l’Égypte pour qu’un ouvrage puisse être publié. La publication de la Description de l’Égypte, à l’issue de l’expédition de Bonaparte, puis la constitution des premières collections égyptiennes au sein des musées européens vont accroître l’intérêt pour ce pays, tandis que des récits de voyages achevèrent d’en construire une image fantasmée. De là, cette égyptomanie prit une grande ampleur, et y voyager fut une destination incontournable, alimentée par les clichés qui montraient les vestiges antiques sous un nouvel aspect.

Ce fut ainsi que le tourisme, au tournant des années 1860, se développa, notamment avec les croisières sur le Nil. Les photographes professionnels qui s’installèrent en Égypte s’adressaient à une clientèle principalement occidentale. Leurs images répondaient à une certaine demande, qui offraient une vue exotique de ce Proche-Orient. Ces photographes vendaient leurs photographies telles quelles, à l’unité, ou reliées en album pour les voyageurs de passage. À partir de 1880, elles se présentèrent sous la forme de cartes postales. Ce fut donc, dès cette époque, un développement significatif de la photographie commerciale et touristique, lié à l’évolution des supports photographiques. Cependant, quelques professionnels n’allèrent en Égypte qu’occasionnellement, comme le photographe Francis Frith.

Quelques-uns installèrent leurs studios, tels Gustave Le Grey ou Wilhelm Hammerschmidt, dans les quartiers fréquentés par les étrangers dans les grandes villes, tout d’abord à Alexandrie et au Caire, puis à Port-Saïd et à Suez, après l’ouverture du canal en 1869.

Il y avait les vues des monuments antiques, qui étaient très demandées par les voyageurs occidentaux, mais il y avait aussi les clichés représentant la vie quotidienne en Égypte. Aussi pittoresques sont-elles, ces photographies représentent un témoignage significatif et documentaire sur l’Égypte du XIXe siècle, elles montrent principalement l’avancée des fouilles archéologiques et du dégagement des sables de nombreux monuments.

LPA 06 Août. 2019, n° 147e7, p.24

Référence : LPA 06 Août. 2019, n° 147e7, p.24

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