Paris (75)

Léon Monet, collectionneur, au Musée du Luxembourg

Publié le 01/06/2023

Une galerie de portraits par Monet, en majorité de sa famille, quelques-uns de Renoir dont celui de Claude, superbe de présence et de vérité, ouvre l’exposition consacrée à Léon Monet, frère du peintre.

© Rmn/Grand Palais/Gérard Blot

Demeuré dans l’ombre, Léon, né en 1836, de 4 ans l’aîné du peintre Claude Monet, contribue fortement, durant une période, à l’ascension de l’artiste. Chimiste, grand industriel et collectionneur, il est passionné par les couleurs synthétiques. La relation entre les frères est chaleureuse, Léon soutient Claude, et commence très tôt à acquérir quelques-unes de ses œuvres, notamment lors du retour au Havre de celui-ci en 1872. C’est l’année où il exécute Impression, soleil levant, composition emblématique de l’impressionnisme.

Important entrepreneur, Léon vient à ce moment de fonder la Société Industrielle de Rouen. Entre 1870 et 1880, période où s’impose le nouveau mouvement artistique, Monet, proche de son frère, peint dans la région rouennaise des paysages côtiers sous différentes lumières. Quelques années plus tard, il réalise sa série sur la cathédrale. Si l’entente est initialement parfaite entre les frères, à la fin du siècle, apparaît un désaccord, notamment à l’occasion du mariage de Léon avec sa gouvernante, une jeune femme de 30 ans sa cadette. Léon Monet mourra en 1917 sans avoir revu son frère.

L’exposition permet de retrouver de nombreuses œuvres du peintre et de quelques-uns de ses contemporains, ainsi que de découvrir le rôle important de Léon, mécène de son frère, qui a défendu l’impressionnisme à une période où il n’était pas toujours bien accueilli.

Un sobre et puissant portrait de Léon Monet par son frère, réalisé en 1874, d’un grand naturel, le présente comme un personnage au fort caractère. Son regard semble scruter le spectateur. Si le peintre traite le visage avec une certaine précision, il évoque le vêtement à grandes touches. De Renoir on admire un portrait de l’artiste dans son atelier, naturaliste, dans lequel le peintre rend remarquablement la douceur du visage émanant, lumineux, du vêtement noir. Vérité et sensibilité attirent dans Méditation où se lit la tendresse de Monet pour son épouse ; on admire le chatoiement des couleurs du canapé.

Léon commence très tôt sa collection, il acquiert des paysages, en particulier La Plage de Sainte-Adresse, sous le soleil couchant, qui dore une mer clapotante, ou encore Étretat. Très vite, il décèle le talent de son frère et achète une vingtaine de tableaux peints durant la jeunesse du peintre, avant qu’il connaisse la notoriété. Le thème essentiel est la Normandie qui leur est si chère. Il est également séduit par la vérité des Fleurs de printemps épanouies et lumineuses. À retenir encore, la grande composition Adolphe Monet lisant dans un jardin, qui affirme la liberté de l’artiste. Autre thème avec Navires en réparation, dont les mâts tutoient un ciel gris, lourd ; ils habitent la toile de leur masse qui se reflète dans l’eau mouvante.

Si Léon Monet a acquis un grand nombre d’œuvres de son frère, il s’est également intéressé à ses contemporains, témoignant de son goût pour l’art moderne. Comme avec le fort vivant Institut, quai Malaquais, composition de Renoir ou avec la Route de Louveciennes, dans laquelle Alfred Sisley excelle dans le rendu de l’atmosphère enneigée. Ou encore avec la plage délicatement traitée par Berthe Morisot, ainsi qu’avec des œuvres de Camille Pissarro. Il s’intéresse aussi aux artistes rouennais dont il admire le talent. En cette fin de XIXe siècle, le japonisme étant à la mode, Léon s’y intéresse et collectionne gravures sur bois tirées sur papier crêpé, les scènes aux couleurs vives ainsi que les estampes traditionnelles. Le parcours se termine avec les couleurs synthétiques que commercialise l’entrepreneur, dont on n’est pas sûr que Monet les ait jamais utilisées.

Musée du Luxembourg, 1 rue de Vaugirard, 75006 Paris

Jusqu’au 16 juillet – tous les jours 10 h 30 à 19 h – mardi jusqu’à 22 h

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