L’épatant musée d’Art moderne de Céret
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Céret, Pyrénées orientales, est connu pour ses arènes toristas et ses toros choisis avec exigence pour des toreros non pas les plus connus mais parmi les plus courageux pour se frotter aux cornes des élevages les plus durs.
Pour ceux qui détestent la course de taureaux cela vaut tout de même la peine de se balader dans les jolies ruelles de Céret et de découvrir les placettes de ce charmant village. En descendant vers le boulevard Maréchal Joffre vous serez immanquablement intrigués par des dizaines d’étiquettes multicolores collées sur toutes les descentes d’eaux pluviales. Quel est donc le mystère que cache Céret ? Et si c’était celui du musée d’Art moderne ?
Small is beautiful. Le MAM illustre à merveille ce fameux slogan. Quatre salles en tout et pour tout ! Et cela suffit amplement pour ravir les plus exigeants amateurs d’Art moderne. Accueillis par une sculpture (Tête) de Miro, ils trouveront notamment au sein de l’exposition permanente des peintures d’Ernest Pignon, deux grands formats de Marc Chagall, des Max Jacob, un dessin de Picasso, dont la tête en terre cuite patinée signée Pablo Gargallo est sous verre. La dernière salle expose des poteries de Picasso aux motifs tauromachiques. On découvre des Léopold Survage (voir son intéressant Femme à la fenêtre), celui-là même à qui un autre musée d’Art moderne, de Collioure, a consacré il y a quelques années l’exposition Les années Collioure (1925-1932). Moins connu que les figuras, il mérite le détour, comme un certain Auguste Herbin qui a côtoyé Picasso au Bateau-Lavoir et qui est ici largement accueilli pour ses huiles et ses aquarelles .
Cubisme et Picasso. Céret est surnommé « La Mecque du cubisme ». Le MAM rend largement hommage à cette période de l’art : outre les susnommés, il affiche des œuvres de Masson, de Juan Gris (le Verre et Journal, 1916, est un sommet). Picasso vint ici dans les années 1950. Des photos le montrent attablé avec des amis sur une terrasse de café de Céret.
La part belle est faite aux peintures qui mettent en scène Céret et à ceux qui dans les années 1920 l’ont peint à la façon cubiste. Manière et matière à (re)découvrir des artistes, outre les susnommés, comme Maurice Loutreuil (La conversation sous les platanes, 1919).
Céret en peinture est prétexte à en savoir plus sur ceux qui vinrent ici mettre en scène le village et se retrouver à l’ancien couvent des Capucins fréquemment représenté.
Le musée rend hommage à Frank Burty Havilland l’un des créateurs du MAM, signataire ici d’une adorable tête cubiste (1913-1915) et d’une Nature morte à la scie et aux violons. Expositions, pistes, itinéraires. Des expositions ponctuelles viennent compléter ce tour d’horizon.
Revenons maintenant à ce par quoi nous avons commencé : le mystère des étiquettes. Finalement nous ne révélerons rien. Le visiteur découvrira et comprendra par lui-même. Pour cela il lui faudra entrer dans le MAM et faire l’ expérience d’une promenade dans un autre monde conçu par des génies.