Les Bijoux de scène de la Comédie française à l’École des arts joailliers
Diadème de Rachel dans Phèdre aux pierres de couleur, 1843
Coll. Comédie-Française Photo : L’École des Arts Joailliers – Benjamin Chelly
Illusion et beauté, 120 bijoux et accessoires de scène de la Comédie Française sont exposés dans les nouveaux locaux de l’École des arts joailliers, installée sur les grands boulevards, où a toujours régné le théâtre dans sa diversité. Même s’ils ne sont que fantaisie, ils réjouissent le regard et sont souvent remarquablement travaillés.
Fondée en 2012 avec Van Cleef et Arpels, cette école diffuse la culture du bijou. Elle a pour objectif l’éducation et la transmission. Le parcours s’ouvre avec deux premières salles plongées dans le noir ; le visiteur est surpris, l’idée du concepteur est d’imaginer que l’on se trouve dans les coulisses du théâtre avant la lumière de la scène. Le thème de l’exposition est donné avec la vidéo de la pièce de Georges Feydeau « Un fil à la patte », dans laquelle une bague est l’objet d’un quiproquo.
Durant le Premier Empire, les bijoux de théâtre empruntent leurs thèmes à l’antique, qui est alors très prisé, puis la mode change. Une salle rend hommage à la grande Rachel qui appréciait beaucoup les bijoux : superbe, le diadème qu’elle portait lors de la représentation de Phèdre en 1843, réalisé en tôle en argent doré, avec camées coquilles sertis dans des « bâtes » en argent, et surmonté de perles d’imitation à l’effet saisissant. Et encore « Le Diadème aux étoiles sur tremblant », plutôt sobre, perles et brillants porté par Julie Berthet en hommage à Sarah Bernhardt dont on admire aussi la lourde couronne qu’elle arborait dans Ruy Blas : un alliage cuivreux avec perles de Méru, verres au plomb sur paillons.
Au théâtre, royaume de l’illusion, tout est permis, un univers de beauté factice avec ces bijoux. Délicate, raffinée, la parure en métal argenté, perles de verre bleu et cristal portée par Béatrix Dussane. Chaque pièce se réfère à des comédiens qui ont marqué le théâtre.
Des costumes sont également exposés, comme la tunique au torse entouré de cabochons de Mounet-Sully dans Athalie. Chaque pièce est le souvenir d’un moment de théâtre. Les accessoires ont également leur place, tel le poignard en bronze doré ciselé de Marie Dorval, amie de George Sand.
Si ces bijoux et accessoires ne sont pas précieux, même si leur apparence peut parfois semer le doute, ils sont aussi les témoins de la pérennité du théâtre, ce compagnon indispensable. Afin de redonner vie à ces objets liés à l’art de la comédie, des silhouettes d’acteurs sont projetées sur les murs.
La Comédie Française possède également la première librairie consacrée aux bijoux de théâtre. Riche de 6 000 documents, imprimés, revues et catalogues, elle évoque l’histoire de cet élément du costume pleinement associé au théâtre ; figurent aussi d’importants recueils de l’École des joailliers.
Référence : AJU010m0