Seine-et-Marne (77)

Les captifs de Tunis libérés

Publié le 03/03/2023

Ce tableau relatant la libération de captifs des Barbaresques est estimé 15 000 €

Osenat

Les années 1798-1799 connurent un essor spectaculaire de la course des Barbaresques, autrement dit, Algériens et Tunisiens, vassaux des Ottomans. Rares sont les historiens qui ont établi un parallèle avec la prise de l’île de Malte par Bonaparte en 1798. Jusqu’à présent, les chevaliers de Malte assuraient, autant qu’ils le pouvaient, une certaine gendarmerie en Méditerranée. Dans les relations entre l’Europe et le Maghreb, la guerre de course était, pour les musulmans d’Afrique du Nord, un des aspects de la guerre qu’ils menaient contre les chrétiens. Toutefois, les pirates Maghrébins n’attaquaient que les navires des pays avec lesquels ils se considéraient en guerre. En cette fin du XVIIIe siècle, les royaumes changeaient de domination, comme Venise sous l’Autriche et les îles Ioniennes sous la France. Les Barbaresques n’en avaient cure, 29 des 55 navires identifiés et capturés en deux ans étaient d’anciens bâtiments vénitiens.

Un tableau réalisé par Jean-Frédéric Schall (1752-1825), Le général Lacombe-Saint-Michel délivrant les Français de Tunis en 1797 (80 x 98 cm), est une illustration de cette période. Il sera mis en vente à Fontainebleau, le dimanche 2 avril 2023 par la maison Osenat assistée par Jean-Claude Dey et Arnaud de Gouvion Saint-Cyr, avec une estimation de 15 000 €. Considéré comme « un peintre des fêtes galantes », par l’historien d’art André Girodie, Jean-Frédéric Schall était protégé par Jean-Pierre Lacombe-Saint-Michel, officier d’artillerie et représentant du Tarn depuis 1791, Conventionnel-régicide puis député au Conseil des Anciens. Ce dernier, personnage important de la Révolution, fut ensuite promu général de division. On raconte qu’il inspira à l’artiste une esquisse d’après l’épisode de son séjour à Tunis, en 1797, où « transporté par les Corsaires, il délivre les prisonniers français ».

En réalité, Lacombe-Saint-Michel, après plusieurs missions en Savoie et en Corse où il battit Pascal Paoli à Farinole, était entré en 1795 au Comité de salut public et avait soutenu le coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797). Il lui était impossible de se trouver à Tunis cette année-là. En revanche, il fut envoyé au début de l’année 1798 à Naples. Mais il tint des propos si peu diplomatiques et si républicains devant le roi Ferdinand IV, qu’il fut prié de quitter le royaume. Sur le chemin du retour, son vaisseau fut capturé par un pirate de Tunis, mais le bey le fit libérer. La scène doit donc dater de la fin de 1798, puisque le général rentra en France en janvier 1799. On peut penser qu’il négocia auprès du bey la libération des Français capturés par les Barbaresques.

Le récit de cette aventure que fit le général à Schall a été illustré par ce dernier avec une certaine emphase. Devant un décor d’arcades, le libérateur, en uniforme, tend la main en direction de la mère patrie, les captifs tendent leur bras vers lui. Reste un mystère, qui est la jeune femme, les mains jointes, émues devant tant de misères ?

Osenat, 9 rue Royale, 77300 Fontainebleau

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