Les chinoiseries anglaises

Publié le 23/02/2022

Cet exemplaire de l’édition originale française a été adjugé 1 000 €.

BnF

Il y a du mépris dans le mot « chinoiserie »… Le terme lui-même n’est apparu dans la langue française que vers 1845, avec, déjà, une connotation nettement péjorative. Larousse, qui ne modérait guère ses appréciations, considérait dans son Grand Dictionnaire que la chinoiserie était une « construction mesquine et surchargée de détails de mauvais goût ». Littré, plus pondéré, définissait le mot dans son Dictionnaire de la langue française en « petits objets venant de la Chine ou dans le goût chinois ». Ces définitions auraient surpris les amateurs qui, au XVIIIe siècle, raffolaient des porcelaines importées par la Compagnie des Indes, des paravents laqués, des commodes non moins laquées et même des « folies » pavillons de jardin sur un air de pagode.

Le goût de la chinoiserie en Occident est dû, pour la plus grande part, aux descriptions qu’en firent les pères Jésuites, notamment Mathieu Ricci (1552-1610), l’un des premiers religieux à pénétrer dans la Chine impériale. La relation de l’Histoire de l’expédition chrétienne de la Chine, fut un véritable best-seller. Un exemplaire relié, a été adjugé 1 000 €, à Drouot, le 26 janvier 2016 par Art Richelieu. La passion des chinoiseries mit toutefois un certain temps à pénétrer dans la société occidentale.

De l’autre côté de la Manche, on considère que ce fut l’architecte William Chambers (1723-1796), qui répandit en Angleterre le goût de l’architecture chinoise. Il a, dit-on, construit plusieurs maisons, comme la pagode des jardins de Kew, et distribué des jardins dans ce goût. Il a, dans ce domaine, laissé plusieurs ouvrages, notamment un Traité des édifices, meubles, habits, machines et ustensiles des Chinois, dont un exemplaire de l’édition originale française parue en même temps que l’anglaise, relié en demi-veau brun à petits coins, dos à 5 nerfs orné (pastiche moderne), a été adjugé 1 000 €, à Drouot, le 14 décembre 2021 par la maison Pescheteau-Badin. Cet ouvrage rassemble sur 20 planches hors texte des éléments disparates de la vie quotidienne, architecture intérieure et extérieure, mobilier, décoration, ustensiles, vaisselle, bateaux, costumes, machines agricoles, etc.

Ce fils d’un marchand écossais établi en Suède travailla pour la Compagnie des Indes Orientales Suédoise entre 1740 et 1749, ce qui lui permit de voyager en Chine et au Bengale. Il y étudia l’architecture chinoise jusqu’à l’année 1749, où il se consacra exclusivement à l’architecture. Proche du prince de Galles, le futur George III, il fut le premier trésorier de la Royal Academy of Arts en 1768 et réalisa de nombreux édifices associant le palladianisme, avec des façades bien ordonnées, avec les formes précoces du néoclassicisme.

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