Les costumes de d’Argenson

Publié le 14/04/2023

Ce portrait de d’Argenson par Nattier a été adjugé 67 600 €

Daguerre

Sans l’attentat de Robert-François Damiens contre le roi Louis XV, le 7 janvier 1757, Marc Pierre de Voyer de Paulmy, comte d’Argenson (1696-1764), aurait-il encore progressé comme l’un des grands serviteurs du royaume ? Il avait fait partie du Conseil pendant plus de quatorze ans, de 1742 à 1757. À l’époque de sa disgrâce, il était secrétaire d’État à la Guerre. Son passage à ces affaires a été marqué par de profondes réformes dans les armées du roi : fortifications, artillerie, hôpitaux militaires, école du génie de Mézières, création de l’École militaire, institution des grenadiers royaux, Dépôt de la guerre, édit sur la noblesse militaire (possibilité aux officiers roturiers d’accéder à la noblesse)… C’est lui encore qui se porta acquéreur au nom de l’État des terrains qui allaient former le Champ-de-Mars. Après le renvoi de Maurepas en 1749, il s’était vu confier également le département de Paris, ce qui lui permit de dresser les plans des Champs-Élysées et de la place Louis XV, qui sera plus tard baptisée de la Concorde.

Un tel personnage, issu d’une lignée de serviteurs de l’État, se devait être portraituré. Nous connaissons plusieurs de ses portraits, dont le plus important a été exécuté par Jean-Marc Nattier (1685-1766). Celui-ci (136 x 104 cm), dans un cadre en bois sculpté doré, travail français d’époque Louis XIV, a été adjugé 67 600 €, à Drouot, le 28 mars 2023 par la maison Daguerre, assistée par Stéphane Pinta du cabinet Turquin. Cet expert a pu dater cette toile grâce à la gravure qu’examine d’Argenson, représentant la bataille de Fontenoy qui s’est déroulée en 1745. Il est vraisemblable, toujours selon Stéphane Pinta, que ce portrait est celui exposé au Salon de 1750. Autre détail, le secrétaire d’État a été élevé à la dignité de grand-croix de l’ordre royal de Saint-Louis en 1751. Le ministre est en effet représenté dans un uniforme chamarré d’officier général portant le grand cordon rouge et la plaque de l’ordre de Saint-Louis. Un portrait de Louis XV, par van Loo, voit le souverain vêtu du même costume, mais portant le cordon bleu et la plaque de l’ordre du Saint-Esprit. On peut donc penser que le portrait de d’Argenson a été réalisé peu de temps après qu’il a reçu le cordon de Saint-Louis, c’est-à-dire en 1752. Il existe un autre tableau du secrétaire d’État à la Guerre, vêtu en robe de magistrat par Hyacinthe Rigaud, réalisé en 1732. À l’époque, le futur ministre était conseiller d’État. Il porte l’ordre de Saint-Louis en sautoir, insigne des commandeurs, et la plaque de Grand-croix, ce qui est pour le moins anachronique. En réalité, si l’on examine bien la toile, on devine que cette plaque a été rapportée ultérieurement.

Ajoutons que le portrait réalisé par Nattier est le pendant de celui de la comtesse d’Argenson, née Anne Larcher (1706-1754), peint également par Nattier en 1743.

Daguerre, 5 bis rue du Cirque, 75008, Paris

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