Les costumes de Kilian Fritsch

Publié le 11/10/2023

Le grand Seigneur, le jour de Beiram, une illustration des Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde, par Bernard Picart

Librairie Pierre-Adrien Yvinec

« Kilian ne passe jamais inaperçu. Toujours élégant dans des camaïeux remarquables, sa grande silhouette distinguée se démarque en couleurs, » rapporte le libraire Pierre-Adrien Yvinec, préfaçant le catalogue de la collection de Kilian Fritsch consacré aux costumes & modes. On ne s’étonnera donc pas que ce grand bibliophile se soit aussi intéressé à la mode. Il en fait le tour en un millier d’ouvrages et non des moindres. Il avait notamment réuni près de 1200 livres de gastronomie. Sous le titre « Les Fates de Bacchus et de Comus », cette réunion mise en forme et décrite par Gérard Oberlé, a été dispersée à Drouot en mars 1990. Comme les 617 ouvrages constituant « Une bibliothèque bachique », également mise en forme et décrite par Gérard Oberlé, vendue en février 1993. C’est le libraire Pierre-Adrien Yvinec qui, cette fois, est chargé de proposer ces volumes aux amateurs. « Comme tous les bibliophiles et leurs libraires, Kilian est un passeur […] Lorsqu’il estime en avoir terminé avec l’un de ses formidables ensembles, il en organise la dispersion. » Le catalogue comprendra deux tomes (in-4 reliure toilée), en édition de luxe, tiré à 250 exemplaires signés et numérotés.

Quel titre choisir ? L’un des plus simples et des plus curieux, comme l’Histoire critique des coqueluchons, par Dom Joseph Cajot, ouvrage qui se veut une étude sur l’absurdité de l’habit monastique ? L’exemplaire, portant l’ex-libris héraldique de Georges Chodron de Courcelles (1840-1904) est affiché à 400 €. Joseph Cajot (1726-1779) était un bénédictin de la congrégation de Saint-Vanne. Il est notamment l’auteur des Larcins littéraires de Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, ou ses plagiats sur l’éducation (Paris, 1766), dans lequel il tente de montrer comment Rousseau a emprunté à Plutarque et à Montaigne les idées sur lesquelles reposent l’Émile.

Après les « coqueluchons » nous pouvons nous pencher sur quelque chose de plus précieux : Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde par Bernard Picart, ici relié en plein maroquin rouge orné, aux armes d’Anne-Nicolas-Robert de Caze, dit M. de Juvincourt, qui est affiché à 45 000 €. Ce monumental ouvrage complet comprend un frontispice, 15 vignettes dont 12 en bandeau et 265 planches gravées, certaines sur double-page.

Bernard Picart (1673-1733), qui avait épousé la cause du protestantisme, s’était réfugié en 1709 aux Pays-Bas. Là, avec son éditeur Jean-Frédéric Bernard, lui aussi réfugié depuis la révocation de l’Édit de Nantes, il envisagea de répertorier les cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde. Ce travail gigantesque, qui mettait toutes les religions sur un pied d’égalité, sous l’angle d’une étude de mœurs, ne plut pas à tout le monde. L’ouvrage fut mis à l’index, ce qui n’empêcha pas son succès.

Juvincourt (1718-1793) faisait partie de la caste très fermée des fermiers généraux de 1751 à 1763 puis trésorier général des postes et relais de France de 1752 à 1781.

Librairie Pierre-Adrien Yvinec, 53 avenue de La Bourdonnais, 75007, Paris – catalogue prix public 200 €, en souscription 150 €

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