Les Delage, si élégantes

Publié le 29/01/2024

Cette Delage D 12 de 1937 est estimée 400 000/ 500 000 €

Osenat

Rétromobile n’a pas encore fermé ses portes, et se tient jusqu’au 4 février 2024. Les carrosseries de rêve figées sur leur stand lancent un appel. Et l’on entend : « Faites-nous rouler !  » Le temps ne semble pas avoir passé sur ces automobiles qui s’apparentent à des chefs-d’œuvre. C’est bien ce qu’affirme le commissaire-priseur bellifontain, Jean-Pierre Osenat qui, depuis de nombreuses années disperse ces merveilles. Il en proposera neuf dans le cadre du salon Rétromobile, Porte de Versailles, le 3 février 2024. Parmi ces lots, figure une Delage D8-120, de 1937 (numéro de série : 51028), dont on attend 400 000/500 000 €. Elle a été construite et carrossée par Henri Chapron, en février 1937 et elle est équipée de la boîte Cotal. Cinquième de la série, cette automobile fait partie d’une commande de 8 « Cabriolets Grand Luxe 4 places. » Elle a séduit entre 1946 et 1969, au moins six propriétaires… jusqu’au jour où, en 1969, elle s’est arrêtée non loin de Dijon, après être tombée en panne un peu plus loin sur la célèbre Nationale 6. Elle y est restée 40 longues années dehors, sous un auvent. Restaurée à partir de 2009, elle a retrouvé sa vigueur et son élégance, en remportant justement en 2021 le « Best of Show » au concours d’élégance de La Baule. Depuis, elle a découvert les embouteillages parisiens, et les routes de Cannes, Bordeaux, de la Bretagne, la Normandie, et même celles de Dubaï, avec des pointes à 160 km/h, afin de présenter la nouvelle Delage D12.

La marque Delage est née en 1905. Elle fut l’étendard de l’automobile française de luxe durant la première moitié du vingtième siècle. Cette marque illustra l’épure et l’élégance française. Louis Delâge, avec un accent circonflexe, ce qui le différenciait de la marque, fut de ceux qui comprirent que son image dépendait autant de l’esthétisme que des records mécaniques. « Louis Delâge n’a jamais cédé sur l’image », note son arrière-petit-fils Patrick à propos de son bisaïeul. Celui-ci usait de sentences qui sont devenues des maximes : « Ne faire qu’une chose mais la bien faire. » Contrairement à d’autres constructeurs comme Ettore Bugatti, il ne commercialisa pas ses voitures de course. Exploits sportifs et concours d’élégance constituèrent les deux sources de rayonnement d’une marque qui, même après sa disparition, en 1954, continua à resplendir par l’intermédiaire de l’association « Les amis de Delage », créée dès 1956. L’association recense, ainsi, aujourd’hui quelque 2 000 voitures survivantes.

« L’histoire de la marque se décompose en deux périodes, jusqu’en 1935, c’est Delâge-Delage, pour devenir Delage-Delahaye à la suite des difficultés financières rencontrées depuis la crise de 1929 », remarque Patrick Delâge, tout en laissant remarquer qu’entre 1935 et 1954, il ne fut produit que trois mille exemplaires ; soit la production annuelle des années vingt. Mais ce que l’on ne sait pas en contemplant ses voitures, c’est que Louis Delâge avait croisé en 1933, le père Brottier, le directeur des Orphelins d’Auteuil. En quelques instants, il bascula des plaisirs matériels vers les plaisirs spirituels. De quoi poursuivre notre admiration pour les superbes Delage.

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