Les Diablerets : tant de charme en Suisse dans la région du Léman
Les Diablerets : le nom à lui seul fait sourire et plutôt penser à un rigolo et coquin Lucifer qu’au terrifiant Méphisto de Faust.
Néanmoins, ce village de 1 500 habitants ne peut s’empêcher de raconter ses légendes. Les premières traces du village remontent au Moyen Âge (1279) ; mais les Diablerets ne deviennent touristiques qu’au début du siècle dernier. En revanche, les histoires les plus rocambolesques planent toujours sur les chalets en bois…
Légendes anciennes
La Quille du Diable
À 3 209 mètres, le sommet des Diablerets a toujours été considéré comme un lieu dangereux et maudit, un lieu de rendez-vous pour les « messes » des démons, des damnés et les mauvais esprits, à cause de l’avarice d’un berger refusant d’aller porter secours. Les pâturages d’antan se transformèrent en désert de roches glacées l’hiver et, dans la vallée, les pâtres entendaient les démons jouer entre eux aux quilles. Plusieurs bergers racontaient avoir vu les damnés et suicidés gémir, expier leurs crimes en s’usant les bras, les épaules sur les roches et, pour s’amuser, les démons lançaient roches et cailloux, provoquant en 1714 et 1740 de meurtriers éboulements. Les âmes perdues erraient à l’infini pendant que les esprits jouaient encore et toujours aux quilles et l’une d’elles, propulsée, forma sur un piton rocheux la Quille du Diable.
La Cape au Moine
Un bon moine maintenant transformé en pierre sauva la vie de deux petits bergers poursuivis par un loup en les cachant sous sa cape. La bête n’osa pas attaquer le religieux et attendit, attendit ; alors que les bambins réussirent à s’enfuir par un passage encore emprunté de nos jours et nommé la Cape au Moine. Mais les nuits d’orage, les hurlements de loups s’y font entendre…
Un village de carte postale
Dans les Alpes vaudoises se niche ce petit village des Diablerets qui ressemble vraiment à une station de montagne telle que celle qui fait fantasmer le citadin englué dans les gratte-ciels, le bruit et la pollution. Le massif montagneux est imposant et surplombé par un glacier à plus de 3 000 mètres. Au même titre que le Cervin, la Jungfrau, ce dernier fait déplacer aussi bien des Japonais que des Coréens ou des Indiens.
Comme on accède facilement à la station (de Paris par le Lyria des Neiges jusqu’à Aigle puis 45 minutes de charmant train à crémaillère), le village n’est pas envahi par les voitures et l’été, il devient même piétonnier.
Le charme réside dans les constructions : aucun grand immeuble hormis un hôtel de congrès, peu de béton mais du bois à l’infini, des rondins de mélèzes, de sapins plus ou moins patinés par le soleil. Certains datent du XVIIIe siècle, affichant ainsi l’ancienneté du village sur lequel s’est greffée peu à peu une station de ski. Nous voilà donc à l’opposé de certaines stations françaises : du béton à peine habillé de bois et des bâtis plantés au milieu de nulle part pour créer des usines à ski (Avoriaz, Les Ménuires, Val Thorens) et ultérieurement y faire vivre des populations.
Les Diablerets.
Office de tourisme du canton de Vaud – région du Léman / Roman Tyulyakov
En résumé, il y a aux Diablerets une âme montagnarde. Assurément un fromage, l’Étivaz, vieux de 500 ans, y est encore fabriqué à 1 800 mètres dans des fermes d’alpages et des yodels se font probablement entendre l’été…
Des activités inédites
Testées pour vous, deux activités inédites et familiales, une balade en chiens de traîneaux, de la luge nocturne, dans la station des Alpes vaudoises des Diablerets.
Balade en chiens de traîneau
Pas nouvelle mais toujours sympa en famille, une balade en chiens de traîneau séduit autant les petits que les grands. S’il a pris l’accent suisse, le musher, Sylvain Bignolet, est néanmoins Français, de Bourges, et le plus souvent installé au pied du départ de Meilleret. Surtout ne cherchez pas dans l’attelage un chien avec des yeux bleus, car notre musher travaille non pas avec des huskies mais une douzaine de malamutes sélectionnés pour leur puissance et leur endurance.
Que vous soyez emmitouflé dans le traîneau ou sur les patins à l’arrière, la sensation est magique : sur des chemins forestiers, une glisse silencieuse seulement ponctuée par les aboiements de joie des chiens ; la sensation de vivre quelques instants le grand nord canadien sans vous y déplacer.
Les chiens de traîneau.
Office de tourisme du canton de Vaud – région du Léman
La maniabilité du traîneau est loin d’être évidente et l’un des pieds doit être quasiment au frein en permanence pour contrer la formidable puissance animale. Heureusement, les bêtes bien dressées répondent parfaitement à la voix, surtout celle de leur maître. Normal, c’est lui qui leur fournit chaque jour leur kilo et demi de viande ou de poisson cru !
Au retour de la promenade, seulement quand leur travail est fini, les chiens peuvent être câlinés et ils adorent les caresses alors qu’ils se roulent dans la neige pour se rafraîchir. Autant dire que les enfants aiment plonger les mains dans l’épaisse fourrure et que ces malamutes se laissent faire : de vrais nounours !
• Chiens de traîneau – Les Diablerets, 1865 Les Diablerets. Informations : Office du tourisme, tél. : +41 (0)24 492 00 10. www.villars-diablerets.ch.
Luge nocturne
Même si la journée a été chargée, offrez-vous cet ultime plaisir sur neige. Il s’agit d’une descente de 7 kilomètres, la nuit, sur une luge de bois avec lampe frontale pour s’éclairer.
Rigolades garanties sans aucun danger, le chemin étant large et sans à-côtés vertigineux : on part vers 18h30 avec le télésiège et la descente dure de 6 minutes pour les champions de cette pratique à une demi heure ou trois quart d’heure pour le commun des mortels.
Un arrêt fondue au restaurant en haut de la piste est possible !
• Location du matériel et réservation des luges à l’Office du tourisme ou à Mountain Evasion, tél. : + 41 24 492 12 32. Comptez 30 CHF pour un adulte (15 pour un enfant de 6 à 12 ans) et 55 CHF (30 pour les jeunes) si vous vous arrêtez pour la fondue.
Cinq bonnes raisons d’aller sur le glacier
Accessible des Diablerets, le domaine de Glacier 3 000 est l’un de ceux qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie. Une vision unique des 24 plus beaux sommets de plus de 4 000 mètres d’altitude, de la Jungfrau au Cervin en passant par le Mont Blanc.
Toute l’année, la possibilité de marcher sur le Peak Walk, une passerelle suspendue de 107 mètres reliant deux pitons rocheux : plus besoin de se payer un voyage au Tibet !
Du ski facile et garanti de novembre à mai sur le glacier même (25 kilomètres de pistes) et un plaisir intense pour les bons skieurs avec la descente de la piste noire de la Combe d’Audon.
La probabilité de voir des activités inédites : des speed riders s’élancer de 3 000 mètres et skier-voler avec de petits parapentes ; admirer l’un des cinq gypaètes barbus et les deux aigles qui tournoient autour de la Quille du Diable.
Avec un panorama à couper le souffle, goûter à la bonne cuisine d’Inge et de Roland au Refuge de l’Espace, posé au cœur des pistes à 2 860 mètres : soupe à l’orge perlée, tomme de pays et pomme de terre rissolées, saucisse vaudoise, Étivaz affiné deux ans, meringue et crème double de Gstaad…
Entre Villars et les Diablerets, un domaine sensibilisé aux personnes en situation de handicap
Bravo à cette belle initiative de Villars qui fait partie du même domaine que les Diablerets : grâce à l’association Handiconcept, des personnes handicapées peuvent dévaler les pistes de l’ensemble du domaine des Diablerets-Gryon-Bex.
On ne peut que saluer la présence – clairement affichée par des panneaux, des tandems exposés – de l’association Handiconcept qui peut offrir à des handicapés les joies de vivre « presque » comme tout le monde, de ressentir les plaisirs de la glisse comme un skieur lambda.
Lors de notre séjour nous avons vu plusieurs fois des tandems avec un professeur de l’ESS et la personne handicapée dans son fauteuil-coque dévaler les pistes à des allures vertigineuses. Chapeau les artistes !
• Association Handiconcept, Handicap sport & loisirs, CH – 1882 Gryon, tél. : + 41 79 240 70 82. www.handiconcept.ch.