Les étoiles déconfinées
Dawn Addams dans A King in New York.
DR
Elles furent comme des astres lumineux dans le ciel des films en noir et blanc.
Certaines eurent des carrières météoriques.
Elles ont imprimé la mémoire de la pellicule.
Il est temps d’en reparler.
Diane Baker
Elle joua dans de nombreuses séries télévisées des années 1960-1970, dont Le Fugitif, Mission Impossible, Les Envahisseurs, Columbo…
Elle était déjà apparue dans le feuilleton Bonanza, et plus récemment dans quelques épisodes de Dr House.
Elle fut d’abord et aussi une actrice de cinéma, avec, dès 1959, pas moins de trois films signés George Stevens, Jean Negulesco et Albert Levin. Tout débutant en aurait rêvé. Elle tournera avec Mark Robson, Martin Ritt et Hitchcock dans Pas de printemps pour Marnie. Ce qui donne une idée de l’étendue de son registre et de son savoir-faire.
On l’aime particulièrement dans Le Mirage, signé Edward Dmytryk, qui mêle enquête policière et réflexion sur l’amnésie. Elle incarne aux côtés d’un très bon Gregory Peck et Walter Matthau en ineffable détective privé, Shela, une femme ambiguë dans ce film étonnant.
Dawn Addams
Dawn Addams était délicieuse dans Un roi à New York, le dernier film de Charlie Chaplin dans lequel celui qui fut Charlot se fait tourner en bourrique par des enfants qui lui font ce que Charlot faisait aux autres, une manière de vérifier si ce genre de gags fonctionne encore en 1957, date de sortie du film. Un film crépusculaire, où Chaplin règle ses comptes avec l’Amérique. Film sur la vieillesse il vaut aussi, outre l’hallucinante composition de Michael Chaplin, l’un de ses fils, pour la jeune Dawn qui, dans le rôle d’une jeune fille délurée et arriviste mais tendre, donne la mesure de son jeu très ample. D’abord actrice de théâtre, elle n’a pas tourné énormément. C’est bien dommage. On peut s’amuser en essayant de l’apercevoir dans Singin’ in the Rain, le film musical de 1953.
Sandra Dee
On a tous entendu parler de Sandra Dee, mais pas pour les bonnes raisons. On se souvient que le film Grease fait allusion à Sandra, dans la chanson Look at Me, I’m Sandra Dee, et quand Sandy, jouée par Olivia Newton John, dit ne plus vouloir ressembler à Sandra Dee. Mais qu’avait donc fait Sandra Dee pour justifier cela ? Avoir tourné dans des films et devenir à travers eux l’archétype de la jeune fille américaine bon chic bon genre, et dans le moule ? Dans Mirage de la vie (Imitation Life) de Douglas Sirk, elle joue avec subtilité et conviction la fille d’une ambitieuse actrice qui la délaisse. Et dans son rôle d’amoureuse de John Gavin, elle n’est pas si sage que cela, quand on sait que John est amoureux de sa propre mère… Un rôle pas si facile que cela à tenir, tout en nuances. Sandra Dee mérite qu’on la revoie.
Jeanne Crain
Meurtre à bord (1953) est un film de série B signé Joseph M. Newman. Un film à voir pour trois raisons : il est tourné dans les décors du Titanic version Negulesco, on admire la prestance (moins le jeu ici un peu raide) de Michael Rennie qui incarne le médecin du paquebot. Et surtout, il y a Jeanne Crain. Elle joue le personnage d’une femme que tout le monde prend pour une folle. Victime d’un sale traquenard, Jeanne déploie le charme douloureux et ambigu de cette femme « proie ». Elle est remarquable et il faut dire magnifiquement servie par la photographie de Joseph LaShelle. Actrice sous employée, bien qu’ayant joué pour Elia Kazan ou Joseph L. Mankiewicz, elle avait un regard inoubliable. La caméra aimait le capter quand il partait loin, comme si elle quittait l’écran à la recherche d’autres rêves ou d’une vie plus tranquille que celle d’Hollywood, dont elle fut l’une des plus belles vedettes.