Les faucons à la Fine Art Biennale

Publié le 11/12/2024

Librairie Clavreuil

On aurait pu imaginer sous la verrière du Grand Palais, enfin rouvert, un vol de rapaces. Les buses, les aigles et les faucons auraient tout loisir de se nicher dans les recoins de la structure du bâtiment. La librairie Clavreuil y a peut-être songé en choisissant de proposer aux amateurs bibliophiles de la FAB, la Fine Art Biennale, autant d’ouvrages consacrés à la fauconnerie que de lettres composant notre alphabet. Durant deux siècles, l’oiseau dans les livres n’apparaîtra essentiellement que dans les traités de fauconnerie. Après une période où le livre scientifique domina la production, vint celle de la chasse, un art qui s’est considérablement développé vers la fin du XVIe siècle et tout au long du suivant. La bibliothèque du duc d’Aumale à Chantilly conserve une enluminure datée du XVe décrivant le dressage du faucon, tirée des Livres du roi Modus et de la reine Ratio, attribués au seigneur anglo-normand, Henri de Ferrières (mort entre 1093 et 1100), avec cette devise : « Comment l’en doit liurer un faucon nouvel’. Un fauconnier fait tournoyer un leurre en criant pour attirer l’attention de l’animal, un autre lâche l’oiseau lié à une créance. »

Le premier ouvrage imprimé sur ce mode de chasse, La Fauconnerie par Jehan de Franchières (mort en 1488), grand prieur d’Aquitaine de « l’ordre de l’ospital de Saint-Jehan de Jherusalem, commandeur de Choisi en l’Isle de France », fut composé, en 1484, à la sollicitation de Jacques du Fou, grand veneur de France et lieutenant du roi Louis XI. De la première impression, « pour Pierre sergent demourant en la rue Neusue nostre dame a lenseigne », qui date de 1531 ou 1532, on ne connaît que deux exemplaires. La librairie Clavreuil propose, quant à elle, la première édition réunissant pour la première fois les quatre textes fondateurs sur la fauconnerie. C’est-à-dire celui de Jehan de Franchières, Martino, Amolpin, Michelin & Amé Cassian, Guillaume Tardif. Plus la vollerie de messire Artelouche d’Alagona (Poitiers, par Enguilbert de Marnef, et Bouchez frères, 1567, 64 pages). Ce volume a été relié au XIXe siècle par Duru, en maroquin rouge janséniste. On en demande 35 000 €.

L’ouvrage est illustré par vingt-neuf bois dont 10 pour le texte de Franchières, tous non signés et plus ou moins copiés sur ceux du Belon, L’histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraits (Paris, Gil. Corrozet, 1555, in-folio). Louis Lavauden, dans son ouvrage, Un problème d’archéologie ornithologique, publié en 1925, se montre critique vis-à-vis de ces illustrations : « Tous ceux qui ont étudié les ouvrages du XVIe siècle et du XVIIe siècle savent combien les oiseaux de proie y sont mal représentés. » Et pourtant, les nuances des plumages, des têtes et des becs sont parfaitement visibles. On retrouve ces mêmes bois dans l’ouvrage de Pierre et de François de Gommer, l’Autourserie et de ce qui appartient au vol des oyseaux (Châlons, Claude Guyot, 1594, in-8°), considéré comme l’un des principaux traités de fauconnerie.

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