Les Gouachés 1910-1950 : collection privée de dessins préparatoires à des bijoux

Publié le 27/02/2018

Agence Observatoire

Pour la dernière manifestation, avant sa fermeture pour agrandissement et rénovation puis l’inauguration des nouveaux espaces en octobre prochain, la Piscine musée de Roubaix présente une exposition inédite de dessins gouachés préparatoires de bijoux.

Il s’agit de la collection des bijouteries Dael et Grau, ouvertes à Tourcoing vers 1830, créatrices de haute joaillerie et qui en 1973 ont été réunies par l’achat de la maison Grau, par la famille Dael. Quelques 700 pièces retracent l’évolution de la création autant que celle du goût dans la société. Ces gouaches préparatoires se font encore aujourd’hui et demeurent toujours anonymes.

Si la Piscine est connue pour la qualité de ses collections de peinture et de sculpture et des expositions temporaires organisées par le Conservateur Bruno Gaudichon et son équipe, elle est aussi ouverte aux arts décoratifs et appliqués, dont s’occupe Sylvette Botella-Gaudichon.

Une photographie ancienne (début du XXe siècle) de la somptueuse devanture de la bijouterie Dael ouvre le parcours et révèle l’importance de cette boutique.

Frédéric Dael, arrière-petit-fils du fondateur, dirige aujourd’hui cette maison dont une succursale se trouve à Lille, où la création de pièces uniques continue. Sa réputation est grande dans la région Nord.

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Les carnets et feuilles de croquis à la gouache, sur papier ou rhodoïd, disent le raffinement, l’élégance des bijoux et le talent des dessinateurs patients pour ces œuvres d’une extrême précision. Certaines pièces semblent tactiles, douées d’une forte présence ; les artistes excellent à donner le volume et l’illusion de la brillance pour des pendentifs raffinés et discrets, art déco pour la plupart, jusqu’avant la guerre de 1940. L’éclat du diamant illumine le papier noir grisé ou ocré. Ces œuvres donnent une image réelle du futur bijou ; la géométrie s’avère présente dans les bracelets, les perles s’associent parfois à la pierre avec une belle invention. « Diamant, son âme est dans la lumière » lit-on sur une cimaise, telle est en effet l’une de ses vertus. On admire le travail précieux, minutieux des dessinateurs. De nombreuses esquisses proposent des bijoux garnis d’émeraude (la beauté du diable), de rubis (la passion) ou de saphir.

La réalisation d’un bijou requiert une association de compétences diverses : concepteur, dessinateur et réalisateur. Les pièces somptueuses de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècles  vont céder la place après la dernière guerre à des créations portables au quotidien. De nombreux projets, broches art déco, bagues, pendentifs, bracelets se succèdent dans les vitrines, toujours dans la finesse et parfois la poésie du dessin. En dehors de leur utilité, ces dessins gouachés sont de véritables œuvres d’art miniature.

Outre les pierres fines, opale, jais, hématite ou onyx, d’autres, moins luxueuses mais tout aussi belles, apparaissent en joaillerie au début du XXe siècle, souvent entourées et éclairées de brillants. Fantaisie et élégance révèlent l’inspiration nouvelle des créateurs avec une multiplicité de modèles raffinés et discrets : bagues, alliances, pendentifs, boucles d’oreilles, bracelets, pendentifs sont regroupés sur une même feuille par catégorie, au dessin ou à la gouache…

L’intérêt pour les pierres fines ou semi précieuses était déjà présent dans l’Antiquité, pour le saphir et le rubis en particulier ; ce dernier est le symbole du sang du Christ à l’ère chrétienne.

Après 1940, les bijoux s’adaptent aux goûts nouveaux. Ainsi les pierres sont enchâssées dans d’épais anneaux d’or ; elles apparaissent plus lourdes parfois mais d’autres conservent une réelle élégance ; plus travaillées, les broches décrivent des volutes où s’associent diamant et pierres fines. À travers ces planches nous est conté le travail des artisans, l’inventivité des créateurs et l’histoire de la joaillerie.

 

 

 

LPA 27 Fév. 2018, n° 134b0, p.16

Référence : LPA 27 Fév. 2018, n° 134b0, p.16

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