Les heures de la Tefaf
Cette pendule signée François Vion a été offerte par la reine Marie-Antoinette à la princesse de Lamballe
Galerie Steinitz
On dit que pour visiter les stands des 272 exposants de la Tefaf Maastricht, deux jours sont nécessaires. Quand bien même, le visiteur ne saurait où donner de la tête. Il repasserait trois fois devant l’un ou l’autre stand, il découvrirait encore un objet, un tableau, une sculpture, un masque oublié quelques heures auparavant. À moins de n’être intéressé que par une spécialité, qui lui permettrait de cibler son parcours, il aurait toujours à veiller de ne rien oublier dans ses examens. L’amateur d’horlogerie n’aura pas manqué de remarquer, sur le stand de la galerie parisienne Steinitz, une pendule de forme pyramidale à cadrans tournants et couronnée d’un aigle. Celle-ci, en bronze doré, métal et émaux, fut exécutée vers 1775 par François Vion (1737-1790), fondeur à Paris, nommé maître le 17 février 1764. Pivotant sur sa base, elle présente un extraordinaire décor de plaques de verre églomisées et peintes, doublées de feuilles d’argent guilloché, illustrant la thématique de l’amour. Les médaillons ovales sont dans le goût de Charles Eisen (1720-1778) et de Pierre-Antoine Baudouin (1723-1769), évoquant l’œuvre de François Boucher (1703-1770). Cette pendule est d’autant plus précieuse qu’elle fut offerte par la reine Marie-Antoinette à la duchesse de Lamballe, qui la laissa à son héritier, le roi Charles-Albert de Savoie Carignan, qui à son tour l’offrit au comte de Seyssel d’Ex, d’où son surnom : la pendule des Carignan.
Comme pour en faire écho, la galerie parisienne Léage proposait une Pendule à cadrans tournants, d’époque Louis XVI, datée vers 1770. Celle-ci, attribuée à Robert Osmond (1711-1789), et qui possède un mouvement de Verneaux à Paris, est en bronze ciselé et doré, les cadrans tournants sont en argent. Elle repose sur un contre-socle en bronze doré de forme carré, lui-même sur un socle en forme de colonne cannelée présentant une base constituée d’une guirlande de chêne surmontée d’un ressaut formé par un motif d’entrelacs. Une guirlande et des couronnes de lauriers noués ornent le fut de la colonne.
On ne saurait comparer cette horloge avec cette création de Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933), datée de 1925, présentée par la galerie Marcilhac. Ce bureau de Katz a été réalisé en palissandre de Rio. Il repose sur deux bases quadrangulaires moulurées en doucine et sculptées, réunies par une entretoise et supportant chacune quatre colonnes fuselées et cannelées formant un socle architectural. La façade ouvre par deux tiroirs, possédant chacun sa propre clé. Plateau rectangulaire avec sous-main d’origine en cuir. L’estampille « Ruhlmann » est inscrite sous une base. Cette table était présentée sous le « regard » d’un grand panneau (247 x 5,4 x 241,9 cm), intitulé Biches dans un sous-bois, réalisé en 1929 et signé par Jean Dunand (1877-1942). Il a été réalisé en laque grise déchirée à décor de cerfs gravés au plomb et appliqués polychromes. Certains détails de la végétation sont également en application de métal laqué rouge et noir. Ce panneau décorait l’appartement de Mme Lina Yacoubovitch auquel il était destiné en 1929.
Référence : AJU012z6