Les lignes pures d’Alain Delon

Publié le 21/04/2023

Cette toile, La plage de Sainte-Adresse (63 x 80 cm), peinte en 1906 par Raoul Dufy, est estimée 600 000/800 000 €

Bonhams Cornette de Saint-Cyr

Il y avait là, au bord des falaises, des anciennes habitations gallo-romaines et aussi un village de pêcheurs. Il est vraisemblable qu’ils ont été engloutis dans la Manche. La plage a vécu un débarquement durant la guerre de Cent ans. Henri V d’Angleterre, accompagné de 1 600 bâtiments, prit comme point d’appui cette ville du bord de mer qui se nommait alors Saint-Denis-Chef-de-Caux, pour tenter de reconquérir son héritage français. S’en souvient-on sur la plage de Sainte-Adresse ? Pour Raoul Dufy (1877-1953), cette ville côtière peu éloignée du Havre, sa ville natale, était surtout une source d’inspiration. On lui connaît plusieurs toiles consacrées à cette étendue de sable, la première datant de 1904. Celle-ci est conservée au Centre Pompidou. Il était encore sous l’influence des impressionnistes. Mais en 1905 il reçut un choc au Salon d’Automne en découvrant le fauvisme de Matisse et Derain. Ses peintures prirent alors un aspect simple et épuré et aux couleurs éclatantes. Ce qu’Alain Delon remarqua lorsqu’il contempla pour la première fois La plage de Saint-Adresse (63 x 80 cm), peinte en 1906.

Cette toile, aujourd’hui estimée 600 000/800 000 €, sera mise en vente le 22 juin 2023 à Paris par la maison Bonhams Cornette de Saint-Cyr, en même temps que 79 autres œuvres de la collection de l’acteur. Le monde de l’art connaît les passions d’Alain Delon. Ce que souligne Arnaud Cornette de Saint-Cyr, président de la maison de ventes à Paris : « [Il] est un vrai, un immense collectionneur. Son œil instinctif le guide infailliblement vers les chefs-d’œuvre, de ses premiers dessins anciens aux grands Maîtres modernes. Il fait fi des modes, n’écoutant que son émotion ». Le commissaire-priseur souligne qu’Alain Delon aime d’abord le geste, celui qui marque avec force une « ligne pure ». On ne s’étonnera pas que celui qui a interprété L’Homme pressé d’après le roman de Paul Morand, apprécie particulièrement des artistes comme Delacroix (Cheval arabe attaché à un piquet, tableau estimé 400 000/600 000 €) ou Jean-François Millet (La laitière normande, tableau estimé 100 000/150 000 €), voire Albert Gleizes (Paysage, tableau estimé 200 000/300 000 €).

« Sa vraie famille en art, ses trois amis, sont Delacroix, Géricault et Millet… et il leur reste fidèle, comme toujours », disait en 2007, à propos d’Alain Delon, Pierre Cornette de Saint-Cyr. Il conviendrait d’y ajouter une floppée de cousins, comme Rembrandt Bugatti dont il s’est séparé de ses bronze en octobre 2016.

Alain Delon a acheté son premier dessin à Londres en 1964. Toutes ces œuvres, dit-il, « m’ont accompagné et ont su m’émouvoir, me parler et même parfois me consoler »…

Bonhams Cornette de Saint-Cyr, 6 avenue Hoche, 75008 Paris

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