Les lundis du théâtre de Poche Montparnasse : La Fontaine et Mozart

Publié le 31/10/2023

Théâtre de Poche Montparnasse

La saison 2023-2024 du théâtre de poche Montparnasse propose un programme diversifié et attirant. Outre les spectacles traditionnels, il donne chaque lundi à 19 et 21 heures des « lectures » dont celle que Judith Magre, toute pimpante en ses 96 printemps, fait de nouvelles de Sylvain Tesson.

Les deux spectacles présentés ici donnent une place première à la musique et même si l’acoustique ne saurait se comparer à celle de la Philharmonie, appel a été fait à des artistes confirmés, ici une pianiste, là un pianiste et une soprano.

La Fontaine en fables et en notes

L’adorable petite fille des Jeux interdits a gardé son sourire radieux. Enfant prodige, Brigitte Fossey a mené une carrière éclectique tant au théâtre qu’au cinéma et conçoit et interprète ces dernières années des spectacles littéraires et musicaux avec la pianiste Danielle Laval. Leur « livre-concert » sur « La physiologie du goût » de Brillat-Savarin avait été loué. Elles ont ici donné rendez-vous à La Fontaine.

Leur complicité est évidente ; gravité au piano, légèreté dans le récitatif, harmonie de ce chœur à deux voix dans une alternance de fables et pièces musicales célèbres et moins connues. Une fugue de Bach accompagne « Les animaux malades de la peste », et son concerto italien « Le paon se plaignant à Junon », Rameau annonce « le Héron » et « Les deux coqs », La Tarentelle de Chopin « Le loup et le chien » et, plus proches de nous, la première valse de Nino Rota et Le grisbi de Michel Legrand accompagnent « Les femmes et le secret » et « Le corbeau et le renard ».

Brigitte Fossey met son charme et sa gracieuse fantaisie au service de ces fleurons de notre littérature, ciselés en orfèvre et intemporels, auxquelles elle apporte un humour acerbe et enjôleur. Danielle Laval, premier prix du Conservatoire de Paris et soliste dans les plus grands orchestres, offre un mini récital de qualité. Manque peut-être une mise en scène plus ordonnée, déplacements, jeux de lumière, mettant davantage en valeur la lecture des « Fables ».

Mozart mon amour

À 21 heures, rendez-vous avec Mozart mon amour tel qu’écrit et mis en scène par Christophe Barbier, qui continue avec prodigalité ses allées et venues entre le journalisme et le théâtre (une mini pièce chaque année depuis 2017, le plus souvent au Poche Montparnasse). Le voici cette fois transformé en Von Nissen, diplomate danois à Vienne où il découvre la musique de Mozart, rencontrant sa veuve Constanze qu’il épousera par la suite, l’un et l’autre se battant pour faire jouer et éditer l’œuvre du génie non encore officiellement reconnu à Vienne.

Le texte et le jeu de Christophe Barbier de bonne facture restent en retrait pour mettre en valeur la partie musicale du spectacle, avec 14 extraits d’opéra du maître chantés par Pauline Courtin, soprano dont la voix après être chauffée est fort agréable. Un troisième personnage a été introduit pour jouer le personnage de Franz-Xaver Süssmayer, élève de Salieri et assistant de Mozart. Bougon, le jeune homme maugrée contre son maître qui, méfiant, ne lui confiait que les récitatifs. Il eut ensuite une belle carrière et Constanze le chargea de terminer le fameux Requiem. Vadim Sher, qui l’interprète, est aussi à l’aise au piano pour jouer quelques morceaux choisis que dans son interprétation du ronchon.

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