Les photographies de Willy Ronis

Publié le 07/02/2023

Donation Willy Ronis, ministère de la Culture, MPP, diff. RMN-Grand Palais

Quelque peu oublié après sa mort en 1989, on a redécouvert l’œuvre importante du photographe Willy Ronis, témoignage d’une époque parfois troublée et qui nous semble lointaine aujourd’hui.

Revoir ces clichés de la vie quotidienne de la première moitié du XXe siècle est intéressant : ils rappellent les révoltes autant que les heures heureuses. Le musée de Pont-Aven présente 120 photographies et documents d’archives se rapportant à cet artiste dont l’humanité s’exprime à travers son travail, qui rappelle les combats, la vie parfois agitée de soubresauts… Une certaine émotion gagne le spectateur en regardant ces images témoins de vie, de revendications et de paisibilité.

Willy Ronis est né à Paris en 1910, à Montmartre ; il était le fils d’émigrés juifs (père russe et mère lituanienne). Au contact de ses parents mélomanes, il découvre la musique et se sent attiré par la composition musicale dans laquelle il espère faire carrière, mais ce désir n’aboutira pas. Peut-être l’appareil de photo qu’il reçoit pour ses 15 ans est-il le déclic de sa vocation future. Il réalise ses premiers clichés à 18 ans.

Après ses études, il commence sa vie de photographe déjà engagé ; il s’inscrit rapidement au Parti communiste et réalise l’une de ses premières expériences avec un cliché, animé de vie, du défilé de la victoire du Front Populaire. Il se fait le témoin de ces journées de liesse. À partir de cet événement, il décide de se consacrer au reportage photographique. Il se sent proche du monde ouvrier qui sera l’un des thèmes de son œuvre, et fixe sur la pellicule les mouvements majeurs pour lui : la grève chez Citroën en 1938, et plus tard, celle de chez Renault. Chacun de ses clichés nous touche par leur authenticité. Willy Ronis inscrit dans le temps son époque, sans jamais retoucher les scènes. La découverte des travaux de Brassaï, en particulier, l’incite plus encore à réaliser des images qui puisent leur force dans la vérité. Photographe humaniste, il témoigne de la vie courante : scènes de rues, bals populaires, fêtes, instants du quotidien, passants, moments parfois fugitifs pris sur le vif.

Indépendant, curieux de ce qui l’entoure, il conserve toujours sa liberté, et ne se laisse pas enfermer dans un genre, tout capte son intérêt pourvu qu’il existe un rapport à l’humain. « La photographie, c’est l’émotion », disait-il. Ses clichés en attestent. Le noir et blanc renforce l’émotion. On est sous le charme de ce petit garçon courant dans la rue, joyeux, portant une baguette de pain, et cet autre portant son sac à dos pour son départ en vacances ; Willy Ronis nous fait participer à un bal populaire à travers le regard d’un couple de spectateurs assis en terrasse, ou encore à la joie des bousculades en autos-tamponneuses ! Scènes insignifiantes qui, sous le regard du photographe, prennent tout leur relief.

Willy Ronis n’a cessé de scruter la vie de tous les jours avec un vrai talent. Il a également été professeur à l’ENHEC et à l’École Estienne. Dans chaque cliché, la vie est captée sans détour ; on le devine en osmose avec le monde ouvrier sur lequel il pose un regard de tendresse. Il dénoncera toujours la précarité, les difficultés comme un militant communiste qu’il est resté.

Avec ce photographe, on retrouve ces années qui semblent si éloignées d’aujourd’hui, clichés bienveillants de ce photographe qui a désiré transmettre la vie dans sa vérité.

Musée de Pont-Aven, place Julia, 29930 Pont-Aven

Du 4 février au 28 mai 2023

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