Les récompenses de Jean-Baptiste Biot

Publié le 22/06/2021

Les récompenses de Jean-Baptiste Biot

Cette croix de l’ordre royal de Saint-Michel, décernée en 1821 à Jean-Baptiste Biot, a été adjugée 1 800 €.

Beaussant Lefèvre

Une croix de chevalier de l’ordre de Saint-Michel en or, datée vers 1821, a été adjugée 18 000 € à Drouot le 28 avril dernier par les maisons Beaussant Lefèvre et Pescheteau-Badin. Cet ordre avait été fondé à Amboise le 1er août 1469 par Louis XI, sous le nom d’« Ordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel ». Les membres de cette « aimable compagnie » devait être au nombre de 36. Mais, un siècle plus tard, dans le contexte des Guerres de Religion, ce nombre fut porté à 50 et plus. Ce qui le fit surnommer par Brantôme, « le collier à toute beste », c’est-à-dire qu’on le remettait à n’importe qui ! Le qualificatif était exagéré ; mais il faut savoir que les ordres de chevalerie avaient pour but de réunir et fédérer autour du roi, les comtes et les barons et davantage les troupes qu’ils amenaient avec eux. Cet ordre fut néanmoins le premier à être décerné pour service rendu par Henri III, à Jacques de Germiny. Henri III comprenant qu’un ordre prestigieux devait s’imposer dans le royaume, créa en 1578 celui du Saint-Esprit. Pour en faire partie, il convenait d’être membre du Saint-Michel, d’où la formule « chevalier des ordres du roi ».

Avec le temps, l’ordre de Saint-Michel seul fut dévolu aux mérites civils afin de distinguer, notamment les artistes et les scientifiques. La Révolution supprima en 1791 tous les ordres de chevalerie. Cela ne dura qu’un temps, car les chefs d’État ont besoin de distinguer leurs sujets et ceux-là, de récompenses. Cette croix de Saint-Michel fut décernée à Jean-Baptiste Biot (1774-1862), un scientifique à la fois physicien, astronome et mathématicien, professeur au Collège de France et membre de l’Institut. Son portrait peint en 1797 par Vandenberghe, selon étiquette manuscrite collée au dos de la toile, a été vendu 2 000 €. Biot avait été fait chevalier de la Légion d’honneur le 30 août 1814, puis promu officier le 11 août 1823 et commandeur le 3 mai 1849. Sa croix de commandeur II° République en or émaillé a été vendue 2 500 € et son bijou d’officier, 1 400 €. Il était également titulaire du mérite pour les Sciences et les Arts du royaume de Prusse, dont le bijou en or ciselé a atteint 1 300 €, et sa réduction 1 200 €.

Il n’est pas d’usage en France, à l’exception parfois de la médaille d’honneur du travail, de personnaliser les insignes des ordres et décorations. C’est regrettable. Il faut des vacations comme celle-ci pour les identifier. Mais, une fois dispersés, ces bijoux risquent de tomber dans l’anonymat. Si les collectionneurs s’attachent naturellement aux provenances, combien de croix demeurent anonymes effaçant les mérites de ceux que l’État a reconnus ?

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