Les sensibles portraits de Lê Phổ
Ce portrait de jeune fille vietnamienne peint par Lê Phổ est estimé 150/200 000 €
R&C
La jeune femme est assise sur un lit de repos. Elle porte un « áo dài » par-dessus un pantalon de couleur foncé et est coiffée d’un turban traditionnel. Derrière elle, la fenêtre de forme circulaire est à demi obstruée par un voile. On distingue à l’arrière un plan d’eau chargé de nymphéas. Sur la droite, apparaît une partie d’un bâtiment. La composition baigne dans des teintes beige-rose, donnant au tableau une atmosphère calme et au modèle une apparence de sérénité. Ce Portrait d’une Vietnamienne a été réalisé en novembre 1932 à Hanoï par Lê Phổ (1907-2001). Il sera mis en vente le 7 juillet 2023 à Marseille par la maison R&C, avec une estimation de 150/200 000 €. Ce tableau, inédit sur le marché, provient d’une collection particulière du sud de la France, où il est demeuré dans la même famille depuis le retour d’Indochine dans les années 40 du père de l’actuel propriétaire, un ancien militaire.
Depuis quelques années, grâce à des ventes spécialisées, un regain d’intérêt s’est porté sur la peinture vietnamienne, et plus particulièrement sur les œuvres des artistes issus de l’École d’Hanoï. La demande n’a cessé de croître, notamment sur les œuvres de Lê Phổ.
Lê Phổ est né le 2 août 1907 à Hadong au nord du Vietnam dans une famille de mandarins, de formation sino-vietnamienne et française. Son père, Lê Hoan, vice-roi du Tonkin avait été nommé « colonne de l’Empire » par l’empereur Hàm Nghi. Après avoir suivi à Paris une formation aux Beaux-Arts et aux Arts décoratifs, l’artiste retourna à Hanoï et devint l’un des premiers professeurs vietnamiens de l’École des Beaux-Arts d’Hanoï, créée en 1924 par celui qui deviendra son mentor, Victor Tardieu (1870-1937). S’il fallait définir le style de cet artiste, nous dirions que la finesse de son trait et la pudeur des attitudes de ses modèles séduisent comme un poème. Il est difficile de résister à la délicatesse de son pinceau saisissant les jeunes femmes dans tout leur naturel : dans ces portraits, leurs traits sont emplis de sagesse, leurs plus simples gestes quotidiens leur donnent de l’élégance et de la couleur. Les amateurs ne s’y sont pas trompés, ses œuvres atteignent à chaque vacation les plus hauts sommets. Le Portrait d’une Vietnamienne se haussera-t-il au niveau de la Jeune fille aux pivoines, adjugée 1 164 760 €, voire à celui des Deux sœurs au balcon, adjugé 590 560 € le même jour à Drouot, le 6 octobre 2020, par la maison Aguttes ? Mieux encore, Sur la terrasse a atteint 641 600 €, il y a quelques jours, le 2 juin 2023, toujours chez Aguttes. Si les amateurs sont tant séduits par cet artiste, c’est sans doute grâce à son inspiration aussi marquée par les traditions vietnamiennes que par les attitudes occidentales.
R&C Paris Drouot, 16 rue de la Grange Batelière, 75009 Paris
Référence : AJU009h5