Les Shadoks pompent toujours
Jacques Rouxel, Les bons comptes font les bons amis ! Estimation : 2 000/3 000 €
aaa Production
Qui l’aurait cru, les Shadocks, vous savez, ces volatiles qui ont envahi le petit écran à la fin des années 1960 et le début de la dizaine suivante, avaient un système de pensée qui a largement influencé la mentalité des fonctionnaires européens et même un peu français ? L’expression qui leur est propre et que l’on a oublié de prononcer, « c’est Shadok ! », décrit un dispositif ou une procédure relevant du principe Shadok signifiant : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ». Nous aimerions bien voir revenir ces thérianthropes, dont la mentalité nous ressemble furieusement grâce à leur pensée qui repose sur des sophismes, ou qui parodie des principes humains. Nos vœux sont exaucés. La maison Artcurial mettra en vente, le 10 avril 2024, 40 œuvres de Jacques Rouxel (1931-2004), le père des Shadoks. C’est la première fois qu’un nombre si important de planches de la célèbre série sera proposé aux enchères, avec des estimations comprises entre 3 000 et 9 000 €. Une encre de Chine, gouache et aquarelle, illustration représentant les Shadoks dans différentes attitudes, signée et datée « 1993 » (107 x 28 cm), a déjà été vendue 10 744 €, par la même maison Artcurial, le 25 mai 2014. Le même jour, 3 figurines, Shadok à vélo (réf. 82342, tiré à 500 ex), Les Shadoks qui pompent « Je pompe, donc je suis » (réf. 82343, tiré 500 ex) et « Et les Shadocks pompaient… » (réf. 82344, tirés aussi à 500 ex) ont été vendus 281 €. Trois autres, Shadok Guerrier Paix (réf. 82313, 500 ex), Shadok Marin (réf. 82314, 600 ex) et Shadok Musicien Tambour (réf. 82323, 500 ex.) ont trouvé preneur à 255 €.
L’histoire des Shadoks a divisé, non pas la France, mais les téléspectateurs en deux, lorsque leur histoire a débuté le 30 avril 1968 par l’ORTF, racontée par l’inénarrable et regretté Claude Piéplu (1923-2006). Il est certain que la voix et le ton adopté par le comédien ont fait beaucoup pour le succès de la série. Celle-là, est-il besoin de le rappeler, relate les différentes histoires et mésaventures de ces créatures anthropomorphes à l’apparence d’oiseaux rondouillards, avec de longues pattes filiformes, des ailes minuscules et préhensiles, et de rares cheveux. On dit que Jacques Rouxel s’est inspiré, pour leur aspect, de La machine à gazouiller, la toile peinte en 1922 par Paul Klee. Le plus important, peut-être pour leur renommée, est l’habitat des Shadoks, qui vivent sur une planète aux volumes changeants, dont ils tombent parfois. Bêtes et méchants, ils construisent des machines improbables qui ne fonctionnent pas, le plus souvent sous l’impulsion du professeur Shadoko. La plus emblématique de ces inventions reste la « Cosmopompe », destinée à pomper le « cosmogol 999 », qui les contraint à pomper. Ceci sous le regard condescendant de leurs rivaux les Gibis, toujours coiffés d’un chapeau melon. Ce qui n’est pas sans rappeler les Britanniques chers au très anglophile Jacques Rouxel.
Ne sont-ils pas, avec leur illogisme, un miroir de notre société, dont on a l’impression qu’elle marche à l’envers ?
Référence : AJU012u5