L’Extraordinaire destinée de Sarah Bernhard de Géraldine Martineau au Théâtre du Palais-Royal

Publié le 05/11/2024

L’Extraordinaire destinée de Sarah Bernhard au Théâtre du Palais-Royal

Fabienne Rappeneau

Jusqu’au 31 décembre 2024, nouveau biopic au Théâtre du Palais-Royal, après le succès d’« Edmond » d’Alexis Michalik, couronné de cinq Molières, remplissant la salle depuis 6 ans. Géraldine Martineau, actrice et metteuse en scène au parcours dynamique et diversifié avait signé l’an dernier une mise en scène épurée de la pièce « Prima facie », monologue d’une avocate de violeurs. Elle change radicalement de registre en écrivant et mettant en scène la vie de l’icône française de la tragédie, l’extravagante et « divine » Sarah Bernhardt, de surcroît peintre et sculptrice aux vies multiples, présentée ici comme un modèle de l’émancipation féminine en un hymne à la liberté.

Pas facile en si peu de temps de conter l’ensemble de sa vie, parti pris qui a été choisi ici. On connaîtra donc par le menu ses relations souvent orageuses avec ses sœurs et sa mère, la courtisane (son père qu’elle cachait était avoué au Havre) , sa détermination à s’imposer sur les plus grandes scènes, ses liaisons, son goût du risque, ses tournées dans les deux Amérique, l’amour pour son fils Maurice, le cercueil, l’amputation… Pas facile de réussir les enchaînements et de maintenir le rythme. Géraldine Martineau y parvient insistant sur le côté fantasque, drôle et flamboyant du personnage, appelant le public à s’associer à cette victoire pétillante de l’émancipation féminine.

Le spectacle est mené tambour battant, rythme et enchaînements rapides, agilité des 8 comédiens appelés à jouer 35 personnages, musique d’accompagnement, élégance des nombreux costumes et décors conçus sur place. Le fantôme de la diva se glisse dans les ors et velours de ce charmant théâtre dont le directeur est son arrière arrière petit-fils. Elle-même y a joué et on la retrouve dans la pièce « Edmond » lorsque Rostand écrit pour elle l’Aiglon.

Le rôle du « monstre sacré » a été confié à Estelle Meyer dont le parcours théâtral et lyrique, du Conservatoire aux Plateaux sauvages ne manque pas de singularité et de témérité. Elle avait monté un spectacle intitulé : « Niquer la fatalité. Chemin(s) en forme de femmes », pour rendre hommage à Gisèle Halimi et la voici tout aussi engagée avec ce personnage jusqu’au-boutiste qui semble fait pour elle.

Le spectacle se veut aussi musical et elle lance avec aisance quelques chansons qu’elle a composées. Pourquoi pas ? Le texte de la pièce est sans prétention et ne nuit pas à ce beau livre d’images mené par une troupe soudée d’excellents comédiens, offrant un plaisir bon enfant aux spectateurs qui n’en demandent pas plus. Cet agréable spectacle est programmé jusqu’au 31 décembre et sera sans doute repris par la suite.

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