L’hommage à Louis Jourdan

Publié le 20/06/2017

Courverture de l’ouvrage d’Olivier Minne sur Louis Jourdan.

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Qui se souvient de Louis Jourdan ? Beaucoup certes se souviennent de son rôle de Gaston Lachaille, élégant poseur dans Gigi. Pas le meilleur film de Vicente Minnelli. Mais les autres ? Connaissent-ils même son nom ? Pour tous, le livre d’Olivier Minne est le bienvenu en remettant à l’honneur, et sous les feux de la rampe, le « french lover » d’Hollywood.

Pendant presque cinq ans, Olivier Minne a eu la chance de rencontrer Louis Jourdan et son épouse, de bavarder avec l’ancien acteur qui, en parlant de lui, parle évidemment du cinéma, des festivals, du monde des studios d’Hollywood, de leur économie implacable, des tycoons tel David O. Selznick, celui-là même qui fit venir Louis Jourdan aux États-Unis, des réalisateurs, des actrices et acteurs, du théâtre aussi (via René Simon, à l’école duquel il s’attacha à perdre son accent marseillais), de ses premières photos sous l’objectif de Raymond Voinquel, de ses rencontres avec les grandes vedettes de l’époque : en 1939, Charles Boyer, en 1946, Douglas Fairbanks Junior et bien d’autres. On retrouve, en tournant les pages, les plus grands noms : Marcel L’Herbier, Marcel Pagnol, Raimu, Louis Jouvet, Michèle Morgan, pour la période française de Louis Jourdan, Alida Valli, Gary Cooper, Rita Hayworth, Orson Welles, Ray Milland, Billy Wilder, Deborah Kerr, la liste n’est pas complète, pour sa période américaine.

« French Lover » ? L’« horrible expression », la « terrible étiquette », confie Louis Jourdan qui ne s’est jamais fait à ce raccourci… Pourtant, le livre est bien obligé de rappeler l’idylle entre le jeune Louis et Micheline Presle à Rome. Les tourtereaux tourneront trois fois pour Marc Allégret. Il interroge : la délicieuse Gisèle Pascal fut–elle l’une de ses petites amies ? Ce qui est certain, c’est que dès 1944, il va rencontrer Berthe Frédérique, dite Quique, qui devint sa femme et qu’ils ne se quitteront pas. Louis Jourdan avoue qu’il n’aimait pas que, dans les dîners à Hollywood, sa jolie Quique soit courtisée par un Cary Grant ou quelque autre acteur. Louis ne portait d’ailleurs pas toutes les vedettes américaines dans son cœur. Pas plus qu’Hollywood d’ailleurs, qu’il trouvait bien ennuyeux.

Alternant les allers et retours entre les années 1930 et les moments où il rencontra Louis Jourdan (avant que celui-ci ne s’éteigne) et Quique, Olivier Minne restitue leurs dialogues, révélant au passage les fissures, les silences, les rancunes, les gênes aussi de l’acteur sur certains sujets. Il le dévoile, en filigrane, tout en respectant la retenue et la discrétion que celui-ci méritait. Le livre suscite quelques pas de côté : outre le plaisir de revoir tel ou tel film avec Jourdan, il invite à quelques moments plus intimes. Par exemple, voir cette vidéo sur Youtube, montage photographique du jour où Louis Jourdan se vit remettre par l’ambassadeur de France, la Légion d’honneur. Louis Jourdan avait vieilli mais, toujours élégant, il est beau et émouvant par ses silences et son bonheur. On peut aussi se prendre pour Gaston dans Gigi en se baladant du côté de la place Fürstenberg. Ce n’est pas donné à tout le monde car ça ne fonctionne que si on a les élégances de l’esprit et du port, à la « Louis Jourdan ».

LPA 20 Juin. 2017, n° 126y3, p.21

Référence : LPA 20 Juin. 2017, n° 126y3, p.21

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