L’image de Dante

Publié le 26/01/2022

La collection de la Pléiade a choisi le portrait de Dante par Raphaël.

Gallimard

Quel est le visage de Dante Alighieri (1265-1321) ? Dans son commentaire sur la Comédie, Benvenuto da Imola rapporte en 1376, que Giotto aurait rencontré Dante à Padoue. Les historiens d’art n’ont cessé de tenter de joindre ces deux génies, leur prêtant des allées et retours entre les écrits de l’un et les fresques de l’autre. Giorgio Vasari (1511-1574), reprenant ces assertions, établit que « parmi les portraits qu’il [Giotto] exécute, on peut voir encore aujourd’hui dans la chapelle du podestat de Florence, celui de Dante Alighieri son contemporain et ami très intime ». Rien n’est moins sûr, mais le portrait exécuté un siècle et demi plus tard en 1495 par Sandro Botticelli (1445-1510), est celui qui a fixé la représentation du poète pour les siècles suivants. Une copie de ce tableau figure dans l’exposition consacrée à l’occasion du 700e anniversaire de la mort du poète au musée Bodmer, à Cologny en Suisse. La Divine Comédie est aujourd’hui en tête de l’actualité littéraire. La collection de la Pléiade publie la traduction de Jacqueline Risset. Celle-ci, jugée d’une « limpidité sans égale », voisine avec le texte original et bénéficie d’un appareil critique nouveau. Les éditions Gallimard ont choisi comme illustration du coffret le visage de Dante, dessinée par Raphaël qui n’est pas loin d’avoir suivi la description donnée par le Boccace (1313-1375) : « Son visage était long, son nez aquilin (…), ses mâchoires fortes avec une expression mélancolique et pensive ».

L’œuvre de Dante a suscité une quantité de travaux critiques. Dès le XVIe siècle, on voit apparaître des publications séparées qui ne tarderont pas à entraîner, parfois en termes de vive polémique, des opinions et des interprétations fort diverses à propos du poète. Livio Ambrogio, le plus grand collectionneur d’éditions anciennes de Dante, dont la bibliothèque a fait l’objet d’une exposition en 2003 à la Bibliotheca Wittockiana à Bruxelles, « considère Dante non pas comme un poète incompréhensible vieux de sept cents ans […] mais plutôt comme un poète capable de nous parler aujourd’hui dans un langage d’aujourd’hui. Mettons-nous à le lire et laissons-nous envoûter ». Avec Jacqueline Risset cela devient plus aisé, d’autant que Dante suggérait de faire appel à la fille de Folco Portinari qui devint sa muse : « Si mon discours ne te rassasie pas, / tu verras Béatrice ; elle t’apaisera / ce désir, pleinement ce désir et tous les autres ».

La Divine Comédie fut composée de 1300 à 1318, durant l’exil de Dante à Vérone d’abord, puis à Padoue et encore à Vérone. Et son édition princeps fut imprimée par Foligno, Johann Neumeister et Evangelista, le 11 avril 1472. Le dernier exemplaire connu a été adjugé l’équivalent de 851 313 €, à Drouot, en 1999.

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