L’impressionnisme d’après Pont-Aven

Publié le 25/07/2019

Île de Groix, paysage côtier (falaises de l’île de Groix ; entrée du port de Saint-Nicolas) – Huile sur toile – 1908 – 92 x 64 cm – Ville de Lorient.

Y. Boëlle – Collection picturale – Ville de Lorient.jpg

Si la Normandie a attiré les Impressionnistes par son atmosphère entre nuages et mer, c’est en Bretagne que Gauguin et ses amis découvrent le charme agreste de Pont-Aven. C’est là que naît le synthétisme initié par Gauguin et Émile Bernard.

Les dernières décennies du XIXe siècle ont vu l’art se renouveler : l’impressionnisme et ses contours dilués dans la lumière et qui fut une révolution, lui succède le synthétisme qui prône une simplification loin d’une copie de la nature mais où se perçoit l’émotion ressentie dans une organisation plastique et chromatique. Le Musée de Pont-Aven propose de revivre la période bretonne avec des œuvres d’artistes emblématiques ou plus discrets. Une promenade dans la nature en 80 tableaux près des bords de mer ou dans la campagne réalisés par des peintres à l’approche différente, tous sensibles à ces paysages parfois grandioses, souvent poétiques.

1889 : année de l’Exposition universelle de Paris durant laquelle a lieu « l’ Exposition centennale de l’art français ». Gauguin, Bernard, Louis Anquetin, Charles Laval entre autres n’y sont pas admis ; ils décident d’exposer au Café Volpini au Champ-de-Mars. Gauguin qui n’est déjà plus impressionniste n’a pas de succès, le synthétisme et sa simplification née du bouillonnement des discussions en Bretagne notamment va voir le jour. C’est lassé de Paris et dans un esprit de recherche qu’il arrive en Bretagne qui sera sa grande inspiratrice ainsi que pour ses amis. Gauguin qui élabore cette nouvelle écriture avec Émile Bernard crée la perspective par des aplats de couleurs, sans modelé. Il souhaite retrouver le lien entre l’homme et la nature. Autour de lui quelques artistes conservent une approche impressionniste mais dans la liberté.

La Bretagne s’avère être une inspiratrice féconde, Monet venu lui aussi dans la région peint la plage de Belle-Île sous une pluie qui noie les formes, 9 ans plus tard Henry Moret s’intéresse au même motif mais dans une écriture plus forte entre mer et rochers. Sa palette est intense et son œuvre fait le lien entre impressionnisme tardif et synthétisme. Maxime Maufra et Henry Moret, patients observateurs de la mer là où elle se révèle tumultueuse à l’Île de Groix où henry Moret peint les vagues écumeuses, la lumière claire, l’azur de la mer s’opposant à la puissance des rochers ; plus apaisée l’œuvre de Maufra incite au rêve.

Les discussions sont nombreuses entre les peintres, Émile Bernard est sans doute celui qui a inventé le cloisonnisme est demeuré un artiste plutôt traditionnel. Peu à peu va se créer l’École de Pont-Aven qui conserve une place importante dans l’histoire de l’art. Gauguin quitte la Bretagne en 1894 mais y demeurent Maufra, Moret, Gustave Loiseau et Ferdinand Loyen de Puigaudeau moins connus du public mais qui ont su concilier leurs aspirations impressionnistes et le synthétisme dans lequel ils trouvaient une liberté d’expression. De Loiseau on retient des compositions sensibles, témoins du quotidien et de l’atmosphère ambiante en une délicate palette. Puigaudeau stylise davantage le dessin, il se révèle aussi dans des œuvres plus dépouillées. Mais la Bretagne c’est également la terre rude, sauvage parfois que ces artistes aiment transcrire sur la toile. Les paysages témoignent de leur attachement à l’impressionnisme et de leur curiosité vis-à-vis du synthétisme qu’ils n’hésitent pas à mêler à leur écriture.

Cette exposition est riche de découvertes comme Meyer De Haan avec des natures mortes hautes en couleurs d’une grande vérité.

Une intéressante destination de vacances.

LPA 25 Juil. 2019, n° 146v4, p.16

Référence : LPA 25 Juil. 2019, n° 146v4, p.16

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