L’Italie et Mussolini

Publié le 18/10/2021

Les Arènes

La saga mussolinienne selon Antonio Scurati. C’est sur le mode épopée qu’Antonio Scurati a choisi depuis quelques années d’aborder Mussolini et la montée puis le succès du fascisme en Italie. Il vient de publier le deuxième tome de son énorme entreprise. Auréolé de compliments, Antonio Scurati l’est à juste titre. M. L’enfant du siècle a raconté l’ascension. M. L’homme de la providence narre les années 1925-1933. Un troisième tome viendra. Bien que « roman », les livres de Scurati sont bâtis sur des éléments historiques (en gage on trouve ainsi des extraits de journaux, des lettres ou des citations de discours qui viennent en écho à son écriture, sur la forme c’est d’ailleurs parfois un peu redondant). Ce qui fait le sel du livre, au-delà de ce qu’on apprend, c’est l’écriture formidable de Scurati, servie en français par la traductrice Nathalie Bauer : c’est vivant, flamboyant, romanesque à souhait. On y est. Scurati a en effet l’art des portraits, des formules et du rythme. L’Italie et son histoire défilent, on imagine déjà tout cela à l’écran.

Le mystère Mussolini selon Maurizio Serra. C’est à une autre approche, complémentaire, qu’invite Maurizio Serra. Le parti pris n’est pas chronologique mais thématique, plus propice aux synthèses. Maurizio Serra analyse à travers trois grandes parties (« L’homme », « Ses défis », « Sa faillite »), la personnalité de Mussolini (notamment son tempérament, ses proches), son programme, ses politiques (le chapitre sur la politique étrangère est passionnant abordant des points peu connus), interroge la fin de l’homme et du régime via la République de Salo. Le livre est documenté (les notes de bas de page sont précieuses et agréables). Le titre évoque donc le mystère de cet homme devenu dictateur puis silhouette macabre. Encore aujourd’hui, la période d’étude reste compliquée à décoder, Maurizio Serra le souligne dans le chapitre consacré à la « première chute du fascisme » (25 juillet 1943). Un épilogue énigmatique consacré à « Trois symboles et deux mallettes » ferme les presque 450 pages éditées par Perrin (Le Mystère Mussolini, Perrin, 2021).

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