Livres au miroir et étoffe des rêves

Publié le 20/01/2020

Merode_Zweig

Bibliothèque Mazarine

Nombreux sont ceux pour lesquels la lecture est essentielle à la vie ; romans, ouvrages scientifiques ou de réflexion deviennent des compagnons indispensables. Parfois un livre en particulier a profondément marqué le lecteur : c’est le thème de l’exposition, présentée à la bibliothèque Mazarine.

Dans le vaste espace de la grande galerie de cette prestigieuse bibliothèque publique – la plus ancienne de France – sont réunies les superbes photographies réalisées par Marguerite de Mérode des ouvrages qui ont marqué 27 personnalités venues d’horizons divers : du monde de la science aussi bien que celui des créateurs et acteurs, compositeurs, intellectuels.

Une démarche singulière, innovante, qui reflète les caractères et les intérêts différents de chaque lecteur dans son désir d’ouverture, de la connaissance ou de la réflexion.

La photographe a réalisé les clichés d’une page particulière choisie par le lecteur ou du volume entier et, en regard, sont présentés les textes plutôt courts et explicites dans lesquels chaque personnalité évoque comment cet ouvrage, en particulier, a été d’une rare importance dans sa vie et le demeure.

Ce livre a souvent contribué à une nouvelle réflexion et, pour certains, les accompagne encore ; parfois le choix n’a pas été facile car plusieurs écrits les ont fortement attirés…

Marguerite de Mérode propose, à travers ses photographies, une approche de la personnalité du lecteur ; parfois, quelques lignes sont soulignées retiennent un passage particulièrement remarqué et, sans doute, très parlant pour celui qui le découvre. Roland Barthes, Paul Valéry, Julien Gracq et toutes les autres personnalités entraînent le visiteur dans leur intimité, leur jardin secret comme le fait, en peinture, un portrait psychologique.

On est touché par cette démarche somme toute assez courageuse, par cette ouverture aux autres et cette transmission des émotions reçues qui, chez certains protagonistes, ont fait évoluer leur vision de l’existence. La lecture des textes est révélatrice des sensibilités diverses.

Cette exposition originale incite chacun à retrouver ce qui, à travers la lecture, a pu donner sens à sa vie…

b5eb53fcd92433c167237c8736ebf5e2

Lee Young-Hee

L’étoffe des rêves de Lee Young-Hee

Le « hanbok », vêtement traditionnel de la femme coréenne, a trouvé une seconde vie grâce au talent exceptionnel de Lee Young-Hee, qui a su le moderniser sans le dénaturer.

Cette créatrice est décédée en 2018 et sa fille a fait une importante donation de 1 300 pièces : robes de haute couture, textiles anciens et accessoires, au musée Guimet. Un écrin de choix pour cette collection unique ! Le musée possède aujourd’hui le plus grand fonds après la Corée. Lee Young-Hee a consacré sa vie à des recherches concernant le hanbok, afin de le moderniser avec des matières de haute qualité, elle est ainsi devenue la grande figure de la haute couture dans son pays et a présenté ses créations à Paris dès 1993 et à New-York.

D’emblée, on est frappé par l’extrême raffinement, l’élégance de ces vêtements de rêve. Cette créatrice rajeunit la tradition par la délicatesse des tissus choisis, la soie en majorité, « étoffes de vents et de songes », des couleurs gris doux, bleu, ocre, rose discrets. L’étoffe est souvent ornée de fleurs légères. Le hanbok se compose d’un court boléro sur une jupe longue, ample, parfois bouffante et toujours légère. La créatrice respecte les codes y ajoutant son talent, sa fantaisie. Ce sont de véritables œuvres d’art ; chaque détail est précis dans ces robes aériennes. Lee Young-Hee s’est nourrie de collections anciennes de textiles et d’accessoires pour sa création ; elle n’a cessé aussi d’explorer de nouveaux matériaux. Elle a mis à l’honneur la tradition de son pays ; ces créations sont à découvrir !

• Musée national des arts asiatiques Guimet, 6 place d’Iéna, 75116 Paris. Jusqu’au 9 mars.

LPA 20 Jan. 2020, n° 150t4, p.17

Référence : LPA 20 Jan. 2020, n° 150t4, p.17

Plan
X