Louis Boulanger, peintre rêveur à la Maison Victor Hugo

Publié le 11/05/2023

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Méconnu et seulement évoqué comme le peintre et l’illustrateur des œuvres de Victor Hugo, Louis Boulanger fut en réalité l’un des plus brillants et actifs penseurs du mouvement romantique. Son œuvre est riche, dense et surtout diverse, car il explore tout le spectre depuis les visions les plus violentes jusqu’aux sujets littéraires les plus légers. C’est pourquoi, la Maison Victor Hugo, qui poursuit sa programmation dédiée aux peintres proches de l’écrivain, consacre à Louis Boulanger une exposition monographique regroupant 180 œuvres empruntés à plus de 30 institutions (musées, collections privées, galeries) ; ce qui permet de mieux appréhender ce peintre romantique du XIXe siècle injustement méconnu.

Le visiteur aimera ou n’aimera pas ce style de peinture : là n’est pas la question ! Outre les œuvres présentes, l’intérêt de cette exposition réside principalement dans la vie même de Boulanger qui est à elle seule le reflet du romantisme même. Alors qu’enfant il montre un goût pour les Lettres, sa liaison avec les neveux de son professeur de latin, Achille et Eugène Devéria, est déterminante. Originaire de Saint-Domingue, cette famille Devéria s’est déjà fait un nom dans l’illustration et la demeure familiale Devéria devient l’endroit de tous ceux qui veulent renouveler les arts.

Dès 1827, Boulanger bouscule les règles académiques, affirme un univers sombre et dramatique lequel déchaîne soit des haines, soit des passions. Grâce à certains admirateurs haut placés comme le duc d’Orléans, sa liberté picturale et sa subsistance financière sont assurées. Via des salons, Louis Boulanger privilégie l’illustration de sujets littéraires pris chez Cervantes, Dumas, Goethe et Hugo, avec lequel il noue une profonde amitié.

C’est en effet en 1824 qu’il rencontre Victor Hugo, qui l’appellera « mon peintre ». Fréquentant régulièrement la maison de la Place des Vosges, il était évident qu’une telle rétrospective ne pouvait avoir lieu que là ! Avec Hugo, le rêve de Boulanger d’abattre les barrières entre les arts se concrétise. Alors qu’Hugo est peu enclin d’abuser de l’illustration qui, trop abondante, détournerait de son texte, il doit se plier sous la Monarchie de Juillet à cette nouvelle exigence éditoriale qui est devenue déterminante pour vendre un ouvrage. Notre-Dame de Paris, puis Crimes célèbres donnent donc lieu à des séries d’aquarelles. Et Louis Boulanger d’illustrer la majeure partie de l’œuvre de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas avant de se plonger dans la trame de l’histoire à travers le théâtre et les dessins des costumes de scène. Tout comme pour un livre, le costume connaît un engouement sans précédent, et il justifie le succès ou l’échec d’une pièce. Les illustrations des costumes d’Hernani de Hugo et de Caligula de Dumas deviennent cruciales pour la réussite d’un spectacle. Les maquettes de Boulanger transforment les comédiens en personnages sortis de tableaux.

La boucle est bouclée : la fraternité des arts, rêve d’enfance de Louis Boulanger, a enfin abouti. Et quand il meurt en 1867 à Dijon, Louis Boulanger est salué et pleuré comme le « plus vaillant soldat du romantisme ».

Maison Victor Hugo, 6 place des Vosges, 75004 Paris

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