Louis XI, âgé de 600 ans, égrillard
Cet exemplaire de l’une des meilleures éditions, abondamment illustré, était estimé entre 1 800 € et 2 000 €
Musanostra
Le roi Louis XI (1423-1483), dont on fête ce mois-ci le 600e anniversaire de sa naissance, n’a pas laissé l’image d’un personnage enjoué mais quelque peu égrillard. Pourtant, comme le souligne Jean Favier, l’un de ses biographes : « [Il] eut quelques passions, les femmes, les chiens, la chasse voire les pèlerinages. Il aura surtout eu celle de l’action de l’action politique » ! Il se voulait en tout, « officier de la Couronne ». Jamais jusqu’à présent aucun prince n’avait autant que lui attendu de monter sur le trône de France. Il était âgé de 38 ans lorsqu’il put s’y hisser, après la mort de son père Charles VII. Ses relations avec ce dernier ne furent pas toujours au beau fixe, notamment à cause d’intrigues incessantes qui conduisirent Charles VII à lever une armée pour marcher contre le Dauphiné et la Savoie, fiefs de son fils. Malgré une trêve, le Dauphin lança des libelles contre son père qui finit par envoyer Antoine de Chabannes à la tête d’une armée pour lui arracher le Dauphiné. Banni du royaume, Louis XI s’enfuit le 30 août 1456 vers la Franche-Comté, puis à Louvain en territoire bourguignon où il fut accueilli par le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui mit à sa disposition le château de Genappe, à 20 kilomètres de Bruxelles. Cet exil dura cinq ans.
C’est là, dit-on, que pour distraire les ennuis de cet éloignement, chaque seigneur de son entourage faisait chacun son tour un « joyeux récit ». Ces textes furent réunis à l’intention de Philippe le Hardi dans un seul manuscrit dont on a perdu la trace depuis la fin du XVe siècle. L’édition princeps parut sous le titre des Cent Nouvelles nouvelles, dites du roi Louis XI, imprimée pour la première fois en 1486 par Antoine Vérard (Paris, impression à caractères gothiques sur deux colonnes, 42 figures gravées sur bois). L’ouvrage connut un certain succès et fut réédité en 1499 avec des vignettes différentes. Les bibliographies signalent des éditions en 1701 (Cologne, chez Pierre Gaillard), appréciées par les bibliophiles et de 1786 chez le même éditeur (4 tome en 2 volumes grand in-12), ornées par 100 figures hors-texte à l’eau-forte d’après Romain de Hooghe. Ces illustrations, souvent truculentes ou triviales, sont à l’images de celles du Décaméron de Boccace, ce qui a permis de qualifier les Cent Nouvelles nouvelles de « Décaméron bourguignon. » Un exemplaire de cette édition (relié en maroquin rouge, le dos lisse orné, triple filet doré encadrant les plats, filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées) a été présenté à la vente, le 5 octobre 2022 par la maison Millon avec une estimation de 1 800/2 000 €.
Grâce à la découverte en 1858 par Thomas Wright dans la bibliothèque du Musée Huntérien, à Glasgow, d’un manuscrit unique, P. L. Jacob a sorti une nouvelle édition revue sur l’édition originale, avec des notes, qui est à l’origine de toutes celles qui ont suivi jusqu’à nos jours.
Millon & Associés, 19 rue de la Grange Batelière, 75009 Paris
Référence : AJU008b9