Lucky Luke en original

Publié le 18/10/2024

Lucky comics 2024

Dans l’Ouest américain, il est un État, le Wyoming, dont le nom vient de l’algonquin et signifie « lieu de grande prairie ». Il est vrai qu’il est le moins peuplé des États-Unis. On dit même qu’il compte davantage de chevaux que d’hommes ! Nous pourrions, à propos de ce petit État, admis dans l’Union, le 10 juillet 1890, évoquer le parc de Yellowstone, celui du Grand Teton, des bisons, de Buffalo Bill, qui a donné son nom à la ville de Cody et de ses cowboys. Mais non, car nous nous préférons nous tourner vers l’extrémité orientale de cet État, bordée par une chaîne de montagnes venant du Dakota, nommée Black Hills ou Collines Noires.

Lorsque nous sommes arrivés dans sa capitale Cheyenne, nous avions sous le bras, une sorte de guide, un album de bande dessinée titrée justement Les Collines noires, la vingt-et-unième BD des aventures de Lucky Luke parue en 1963, dessinée par Morris. De son vrai nom Maurice de Bevere (1923-2001), cet illustrateur compte parmi les géants de la bande dessinée belge. Il est surtout le père du plus célèbre des « lonesome cowboy ». Celui-ci n’est guère sorti des vignettes qui décrivent ses aventures racontées par René Goscinny (1926-1977), puis par Bob de Groot (1941-2023). La maison Christie’s va mettre en vente, à Paris, le 15 novembre 2024, 50 planches originales destinées à la publication des albums de Lucky Luke. Elles sont estimées chacune entre 20 000 et 70 000 € pour un total de 2,4 à 3,40 M €.

De toutes ces pages dessinées entre 1947 et 2001, rares sont celles qui ont été vues. Une rétrospective lui a été consacrée en 2016 à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, et une autre en décembre 2023, à Bruxelles, par la galerie Huberty et Breyne. Aujourd’hui, les amateurs pourront contempler ces 50 planches, à Paris, du 9 au 15 novembre. La planche 44, pour l’album Sarah Bernhardt, montre le cowboy lisant, tout étonné, un billet, tandis que derrière lui son cheval, Jolly Jumper, dit : « Ah ! Paris ! … » Cela ressemble à une invitation. La planche complète d’où est tirée cette vignette, est estimée 20 000/ 30 000 €.

Alors qu’il vivait aux États-Unis, Morris rencontra René Goscinny qui deviendra le scénariste de près de la moitié de ses albums. Lucky Luke naquit en 1946, dans l’Almanach 47 du Journal Spirou, avec l’histoire Arizona 1880. À la suite de ce premier album, 71 suivront du vivant de Morris. Une dizaine a depuis complété la série sous le crayon de Achdé (Hervé Darmenton) avec différents scénaristes dont Laurent Gerra. Le succès de Lucky Luke, le « cowboy solitaire », qui est aussi connu comme « L’homme qui tire plus vite que son ombre », tient, certes, à sa parodie de l’histoire de la conquête de l’Ouest, mais aussi à son inspiration de faits authentiques. Nous en avons un exemple avec Les Collines noires qui s’appuie sur L’Expédition des Black Hills de l’été 1874, mettant en scène un groupe de savants explorant le Dakota et le Wyoming afin d’envisager la colonisation de ce territoire.

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