L’univers de Turner

Publié le 26/01/2021

L'univers de Turner

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Turner est sans conteste le plus grand représentant de l’âge d’or de l’aquarelle anglaise. En 60 aquarelles et 10 peintures, prêts de la Tate Britain de Londres qui possède la plus importante collection de l’œuvre de ce peintre, le musée Jacquemart-André proposait cet automne de redécouvrir la liberté, la virtuosité, la sensibilité de cet artiste. Retour sur cette exposition.

Chronologique, le parcours de l’exposition permettait de suivre l’évolution de la création du peintre depuis les compositions réalistes de sa jeunesse jusqu’à celles de la maturité, plus accomplies.

L’aquarelle possède une place prépondérante chez Turner, il y expérimente sans cesse les effets de lumière, la transparence de l’atmosphère de paysages anglais et vénitiens en particulier. De la topographie des premières œuvres, jusqu’à une sorte d’abstraction poétique, cet artiste entraîne dans un voyage à travers l’Europe en des compositions parfois oniriques aux couleurs imaginaires.

Turner a d’abord révélé un goût pour l’architecture : cathédrales, bâtiments divers exécutés dans le souci de la construction, du dessin en une organisation classique. Cependant, dès le début du XIXe siècle, il va rejeter les conventions topographiques et les détails pittoresques. Il commence à peindre à l’huile en 1795. Admirateur de Claude Lorrain, certaines de ses compositions en portent l’empreinte. Au fil du temps disparaît la précision réaliste, c’est alors la magie de la couleur investie par la lumière témoignant de son imagination qui transforme parfois le réel en irréel. Il exécute aussi quelques thèmes mythologiques.

La période la plus importante de sa création se situe entre 1820 et 1835. Lors de son premier voyage en Italie, il est saisi par la lumière qui, pour lui, est une révélation. Il peint volontiers ses aquarelles sur des papiers gris, bleu ou noir, qu’il sature d’eau et obtient une gradation de tons qu’il travaille révélant la luminosité. La rupture est nette entre ses œuvres de jeunesse et celles plus tardives ; elle est visible dans ses traductions de la nature anglaise : la Tamise près d’Islenworth (1805), toute de sérénité. Mais son évolution est plus perceptible dans les visions de Venise, dont il saisit si parfaitement la douce clarté : San Giorgio le matin est représentée en une palette de bleu et de blanc laiteux, créant une légère atmosphère de brume. Plusieurs œuvres d’une grande sensibilité évoquent la sérénissime, ses canaux, la légèreté de l’atmosphère impalpable. Plus on avance dans le temps, et moins le thème n’a d’importance, le dessin disparaît au profit de bandes de couleurs dans des œuvres qui apparaissent proches de l’abstraction.

Turner a rendu l’immensité de la nature avec un certain lyrisme parfois, il a aimé les couleurs subtiles, il est également le peintre de la fugacité du temps. Précurseur du romantisme, il a été admiré par les impressionnistes et a ouvert la voie à la non-figuration…

LPA 26 Jan. 2021, n° 152x7, p.24

Référence : LPA 26 Jan. 2021, n° 152x7, p.24

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