Marco Ferreri à la Cinémathèque
Michel Piccoli dans Dillinger est mort, de Marco Ferreri.
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Marco Ferreri est à la Cinémathèque de Paris. Pour une rétrospective qui se tiendra du 26 janvier au 28 janvier 2022. À ne pas rater !
Ferreri le sulfureux. Le cinéma de Ferreri est un cinéma du corps et de ses excès, peuplé de personnages dérangeants et de thèmes sulfureux. C’est un cinéma féroce, façon acte d’accusation, qui met souvent mal à l’aise jusqu’au rejet parfois. C’est aussi et d’abord un cinéma de la liberté. D’être et de penser. C’est peut-être pour cela qu’il a tant fait peur. Pas moins de 27 films, quatre court-métrages et trois films tournés pour la télévision seront projetés pour se souvenir de cet enfant terrible du cinéma italien qui n’avait pas peur de ses images et qui ne mâchait pas ses mots. Ceux qui avaient de la réplique n’ont pas mâché les leurs : on se souvient de la lettre de Gérard Depardieu à Ferreri. Une conférence présentée par Gabriela Trujillo se tiendra le 4 février 2022.
Voir autrement Ferreri ? Les corps indociles. Tel est le titre du très beau texte signé Gabriela Trujillo qui présente la rétrospective. Il invite à voir et revoir Ferreri peut-être autrement plus justement, en (re)découvrant les films d’un programme d’autant plus intéressant qu’il y a les incontournables (La Dernière Femme, La Grande Bouffe, Le Mari de la femme à barbe, Liza, Rêve de Singe) et d’autres moins connus. Pipicacadodo, le titre qu’il fallait oser et qui est devenu inoubliable sera évidemment de la revue. Gabriela Trujillo écrit au sujet de La Grande Bouffe, sorti en 1973 : « Les flatulences, la merde, les ripailles tragiques de quatre gentlemen qui décidaient de mourir dans une villa de l’Ouest parisien. L’innocence n’était plus de mise, alors le public de l’ère pompidolienne n’a jamais pardonné à Marco Ferreri de se voir reflété dans le portrait d’une bourgeoisie repue et désabusée ». Presque 60 ans après, le regard des Français à l’ère macronienne sur un tel film est-il différent ? C’est l’un des enjeux du temps qui passe, au cinéma comme ailleurs. Manière aussi de se souvenir et se confronter au jugement par exemple d’un Freddy Buache, pour qui le cinéma de Ferreri est plus proche de l’esprit de Chaplin que de celui de Capra. Pour ces questions et tant d’autres, et tout simplement pour le plaisir de voir des films, vive les rétrospectives !
Référence : AJU002r7