Matisse, L’Atelier rouge

Publié le 29/08/2024

Vue d’exposition. Henri Matisse, Nu à l’écharpe blanche, Paris, 1909, National Gallery of Denmark

Succession H. Matisse 2024 / Fondation Louis Vuitton / Félix Cornu

« Si l’on devait comparer l’œuvre d’Henri Matisse à quelque chose, il faudrait choisir l’orange. Comme elle, l’œuvre d’Henri Matisse est un fruit de lumière éclatante ». Cette réflexion de Guillaume Apollinaire résume l’importance de cet élément dans l’art du peintre qui l’a découverte près de la Méditerranée.

Il aura fallu attendre 40 ans pour que L’Atelier rouge créé en 1911 soit reconnu comme majeur dans l’histoire de l’art moderne. Dans ce tableau l’artiste peint son atelier d’Issy-les-Moulineaux dans lequel sont présentes les onze œuvres qui y figuraient créées au cours des 13 années précédentes. L’exposition organisée à la Fondation Louis Vuitton retrace l’histoire de cette peinture acquise par le MoMA de New York en 1949. C’est pour le visiteur l’occasion de « pénétrer » dans ce lieu de création et de découvrir les peintures, sculptures et objets décoratifs dont s’entourait l’artiste et qui sont réunis pour la première fois.

La composition du tableau est presque terminée lorsque Matisse décide de la recouvrir en grande partie d’une couleur fulgurante : le rouge de Venise. Il est tout d’abord exposé à Londres en 1912. Matisse l’avait réalisé pour le grand collectionneur russe, Chtoukine qui, ne le trouvant pas à son goût, ne l’a pas acquis. L’exposition réunit 11 œuvres des treize années précédant cette toile depuis un paysage réalisé en 1898, Matisse a alors découvert la lumière du Midi en Corse, jusqu’aux compositions novatrices parmi lesquelles Jeune marin (1906) ou Le Luxe II qui représente trois femmes dont l’une monumentale, exécutées en une gamme de couleurs adoucies ou encore Jeannette, une sculpture réalisée en 1911. Matisse s’est intéressé à toutes formes de création : peinture, dessin, sculpture.

Vivant, le parcours propose de retrouver l’atmosphère de L’Atelier rouge ainsi que les œuvres représentées dans le tableau et dont l’artiste était entouré lorsqu’il peignait. La couleur joue ici un rôle primordial, souligne les rythmes, en particulier le rouge, l’expression gagne en intensité. Dans la vivacité de l’écriture, Matisse multiplie les jeux des droites et des courbes, des pleins et des vides. « Ce que je rêve, c’est un art d’équilibre, de pureté, de tranquillité », écrit le peintre. L’idée est intéressante de faire dialoguer L’Atelier rouge de 1911 avec Grand intérieur rouge, exécuté en 1948 dans lequel le peintre joue avec les contrastes : droites des chaises, courbes de la table ramenés à la surface de la toile. Matisse a aimé cette confrontation entre ces deux œuvres.

Quelques sculptures animent le parcours affirmant le talent du peintre dans cette discipline. Figuratif, L’Atelier rouge affirme cependant une certaine abstraction que l’artiste reconnaîtra lui-même à la fin de la décennie 1940.

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