Mythologie grecque pour la jeunesse
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Des spectacles de qualité pour la jeunesse sont accueillis dans les théâtres, rencontrant un succès mérité, enfin !
Les héros dont l’enfance a besoin sont au rendez-vous et, au-delà de ceux des contes de Perraut ou d’Andersen, voici deux épopées qui s’inspirent des grands classiques de la Grèce ancienne, première initiation à ces monuments de la culture universelle de plus en plus délaissés dans le cursus scolaire.
L’Iliade, d’Homère
Et tout d’abord l’Iliade, l’épopée mythique transmise par Homère, cette fameuse guerre de Troie entre des royautés puissantes : d’un côté Ménélas, le roi des Spartes, et son frère Agamemnon, roi des Achéens, de l’autre Priam, le roi des Troyens et ses fils, le vaillant Hector et le beau Paris, qui n’avait pas hésité à enlever la belle Hélène, femme de Ménélas. De menus événements sont souvent à l’origine des conflits les plus meurtriers.
Il fallait un certaine audace pour s’attaquer à une telle œuvre, maîtriser tant d’événements et de personnages avec si peu de moyens et ravir un jeune public avide de combats et de héros et qui trouvera ici son compte tout autant qu’avec les Jedi de Star Wars ou America.
Damien Roussineau, Alexis Perret et leur compagnie Abraxas ont choisi de proposer ce qui plait le plus aux enfants : le double jeu, le jouer à jouer. Deux frères se donnent rendez-vous dans la maison de leur enfance sur le point d’être vendue et, se rendant dans le grenier, ils retrouvent le bric à brac qui leur servait à se costumer et à construire des histoires, ne résistant pas, pour une dernière fois, à jouer l’Iliade, comme ils le faisaient autrefois.
« 2 comédiens, 35 personnages, toute l’Iliade en 1 heure 10 ». C’est une explosion de gags, de magie, de transformisme qui enchante le public. Un balai brosse et une passoire servent de casque à Achille, des paires de chaussettes sont des projectiles meutriers après avoir composé une tunique, les caisses, les vieux rideaux servent de décors mais dans ce déchaînement le texte d’Homère — belle traduction de Jean-Louis Backès — est respecté, les liens complexes entre les hommes et les dieux fantaisistes sont mis en valeur et, sans souci de moralisme, les grands sentiments d’honneur, de courage et d’amitié servent de ciment à ces débordements. Le spectacle se veut bouffon et drôle mais il progresse vers l’émotion, ainsi des relations entre Achille, Patrocle, Hector et de l’accueil de Priam venu chercher le corps de son fils qui clôt le spectacle.
Et que dire de la performance des comédiens plus vrais que nature dans leur retour à l’enfance, c’est-à-dire à l’imaginaire, l’excès, la poésie et ce goût du jeu dont elle a le secret, juste avant de le perdre quand apparaissent, trop vite, les interdits ? Les deux comédiens metteurs en scène et leur compagnie Abraxas renouent avec le succès de leur adaptation de Regardez mais ne touchez pas, de Théophile Gauthier. L’Iliade a d’ores et déjà été retenu par plusieurs festivals dont celui d’Avignon. Le spectacle va continuer sa tournée en 2018. Il ne faut pas le manquer.
Les douze travaux d’ Hercule (ou presque)
Toujours au Lucernaire et toujours transposé de la mythologie grecque, voici Hercule, l’incarnation de la bravoure et de la force. Rappelons-nous : ce fils de Jupiter et d’une mortelle avait eu une jeunesse tumultueuse et pour expier ses fautes la Pythie de Delphes l’avait mis au service du roi de Mycènes, Eurysthée. Celui-ci lui ordonna de réaliser chaque année un exploit impossible.
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Rappelons-nous également : le lion de Némée, les écuries d’Augias, l’hydre de Lerne, le sanglier d’Erymanthe… Trois seront contés ici : le taureau crètois de Minos, les oiseaux du lac Stymphale et le gardien des enfers, Cerbère.
Alexis Consolato (qui joue aussi le rôle titre) et Sarah Gabrielle (qui assure la mise en scène) sont les auteurs de cette libre adaptation, devenue un conte à quatre personnages aux caractères bien définis, d’un côté les héros : Hercule la force brute et son jeune cousin Thésée l’intelligence et la ruse, d’un autre côté les méchants : la déesse Héra, les hypocrites et le roi Eurysthée.
La comédie peut commencer et petits et grands se laissent emporter par ce tourbillon d’aventures insolites, mené tambour battant par d’excellents comédiens, Alexandre Consolato, qui fait d’Hercule un matamore un peu fruste et Joëlle Lüthi, lutin malicieux et émouvant, déjà remarquée dans Pinocchi qui tient ici le rôle de Thésée. Et derrière ce divertissement loufoque plein de trouvailles malicieuses, se profile une leçon, comme savait le faire, Jean de La Fontaine : celle de l’intelligence sans laquelle la force ne peut rien, et celle des hommes de qualité triomphant de rois et de dieux dont la bêtise et la méchanceté ridiculisent leur pouvoir. Le jeune public est à l’aise dans ces catégories qui lui sont familières.
Comme les autres spectacles montés par la Compagnie Mordoré depuis sa création en 2006, notamment le Petit chaperon rouge et Pinocchio, celui-ci devrait avoir une longue carrière et être accueilli cet été à Avignon.