Néo-Romantiques
Portrait de jeune garçon par Thérèse Debains, huile sur panneau
Photo François Fernandez Nice ADAGP 2022
Le renouveau du romantisme apparaît en France à partir des années 1920 et se poursuit jusqu’en 1972. Cette période artistique est souvent peu proposée comme thème d’exposition, cependant les peintres qui ont participé à ce mouvement affirmaient une nouvelle démarche, un retour à la figuration dans le but de s’opposer à l’abstraction alors en vogue.
Moins connus pour certains, les artistes réunis au musée Marmottan Monet témoignaient de leur indépendance et de leur invention dans une figuration renouvelée, singulière. Actifs à Paris, ils ont été en relation avec l’Europe et les États-Unis, où certains d’entre eux ont émigré quelques années plus tard. Diverses sont leurs œuvres, certaines plutôt classiques, d’autres se rapprochent du surréalisme ; elles suscitent l’intérêt. Parmi ces peintres, plusieurs venaient de Russie, fuyant la Révolution. Quelques-uns suivent des cours à l’Académie Ranson, où ils rencontrent Édouard Vuillard et Maurice Denis. Revenant à la figure, ils s’intéressent parallèlement à d’autres formes d’expression : Picasso et le surréalisme notamment, influences légères que l’on retrouve dans quelques tableaux.
Ces peintres commencent à être remarqués lors d’une exposition à la galerie Druet en 1926 ; parmi eux, Christian Bérard, connu pour ses décors de théâtre. Il exécute aussi des toiles dans un esprit surréaliste à la forme plutôt stylisée et une palette claire. C’est aussi Thérèse Debains, dont les portraits sont porteurs de sa sensibilité.
Durant les années 1920, ces artistes travaillent à Paris, se rencontrent puis nombre d’entre eux, les Russes en majorité, partent aux États-Unis où ils perfectionnent leur création avant de revenir en Europe. Parmi eux, Pavel Tchelitchev. Arrivé à Paris en 1923, il est alors décorateur de théâtre. Il se tournera vers la peinture de chevalet et devient une figure importante des néo-romantiques. Ses toiles témoignent d’une légère influence cubiste tout d’abord, puis surréaliste ; elles sont porteuses parfois d’une mélancolie latente. Quant à ses nus, ils affirment discrètement leur sensualité. Impressionnante, la Méduse d’Eugène Berman : elle traduit une inquiétude romantique. La création de son frère Claude se rapproche, par sa traduction de l’espace, de Giorgio De Chirico. Un artiste attire encore l’attention : Kristians Tonny, Hollandais, dont l’œuvre se trouve entre le symbolisme et le surréalisme ; en un dessin minutieux et une atmosphère particulière, il peint un autoportrait où Gertrude Stein est assise au pied d’une tour, souvenir de Van Eyck. Il faudrait évoquer encore Alexandre Serebriakoff, plutôt portraitiste d’intérieur ; ou Francis Rose, dont le maître était Picabia, et qui a créé une œuvre intense, forte.
D’autres peintres se sont rapprochés des cercles mondains, de la haute couture (Christian Dior, Elsa Schiaparelli), ou aristocratique avec Marie-Laure de Noailles. Ces personnalités très en vue ont parfois fait décorer leur appartement par ces néo-romantiques.
Certains de ces artistes émergent par leur créativité, la nouveauté de l’écriture ; il est intéressant de découvrir ces créateurs qui ont porté un regard neuf sur l’art.
Musée Marmottant Monet, 2 rue Louis Boilly, 75016 Paris
Jusqu’au 18 juin 2023
Référence : AJU008j6