Nerval parle du diable amoureux

Publié le 16/02/2022

Édition originale de la préface de Gérard de Nerval et premier tirage des 6 gravures hors-texte et des 200 vignettes d’Édouard de Beaumont.

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« Cet ouvrage, Le Diable amoureux, est célèbre à divers titres ; il brille entre ceux de Cazotte par le charme et la perfection des détails ; mais il les surpasse tous par l’originalité de la conception. En France, à l’étranger surtout, ce livre a fait école et a inspiré bien des productions analogues », notait Gérard de Nerval dans sa fameuse préface à l’ouvrage de Jacques Cazotte (1719-1792). Il entreprit de le rééditer et d’y insérer son texte. Un exemplaire de cette édition originale, Le Diable amoureux, relié par Mercier, successeur de Cuzin, en demi-maroquin à grain long rouge avec coins, dos à nerfs orné, non rogné, la couverture illustrée et le dos conservés, a été adjugé 1 011 € à Drouot, le 25 novembre 2021 par la maison Pierre Bergé & Associés, lors de la dispersion de la bibliothèque de Pierre Collin. Cette édition comprend un portrait de Cazotte gravé sur acier, six figures hors texte copiées sur celles de l’édition originale (1772), attribuées à Moreau le Jeune, et 200 vignettes d’Édouard de Beaumont gravées sur bois dans le texte.

Cet illustrateur est à l’origine de cette publication, comme le rappelle l’éditeur de l’édition de 1883 : « Gérard de Nerval figurait au nombre des rédacteurs d’une revue pittoresque fondée en 1843 par Deschères, et qui comptait aussi Édouard de Beaumont parmi ses dessinateurs. Cette revue avait pour caissier un nommé Ganivet, crémier de son état, qui, malgré le cumul de ces deux situations, ne s’était pas enrichi. Pour lui faire gagner quelque argent, Gérard de Nerval écrivit à son intention une étude sur Cazotte destinée à figurer en tête d’une édition du Diable amoureux, pour laquelle Édouard de Beaumont fit aussi des dessins sur bois. Escorté de ces deux noms, qui étaient pour lui une garantie de succès, Ganivet, tout crémier qu’il était, se fit donc éditeur de Cazotte… ».

Cette préface qui comprend 95 pages, montre le côté mystique et illuminé de Cazotte. Sans être alors initié, il sut pénétrer des secrets inaccessibles au vulgaire. Il fut en effet un des premiers adeptes de Martinez de Pasqualis et fut, avec Saint Martin, l’un des « Martinezistes » les plus en vue de Paris. Nerval reprit son texte dans Les Illuminés, dont un exemplaire relié en demi-veau fauve raciné à coins d’époque, a été vendu 280 €, le 6 mars 2021 par la maison Richard de Villefranche-sur-Saône.

Jacques Cazotte voyait dans la Révolution, l’incarnation de Satan, et pour lui, lutter contre elle, était l’exemple de la lutte du bien contre le mal. Ce fut ce dernier qui l’emporta contre lui, mais son Diable amoureux, maintes et maintes fois réédité, peut être considéré comme le premier texte littéraire fantastique.

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