Noël au Carré Rive Gauche

Publié le 16/12/2022

Cette statuette en cristal de roche, exécutée en Chine vers 1900, représente Guanyin la déesse de la miséricorde, dans une attitude de méditation, tenant un sceptre de Ruyi

Galerie Bertrand de Lavergne

Saint Nicolas est déjà passé dans les allées de Carré Rive Gauche, cette association d’antiquaires et galeries d’art depuis 1977. Plutôt que de déposer des cadeaux aux antiquaires qui, comme chacun le sait, sont davantage restés en enfance charmés par les objets chinés, il a, au contraire, cueilli çà et là de quoi offrir à son tour des cadeaux. Il avait le choix, comme les visiteurs et amateurs, parmi les quelque 70 galeristes. Ceux-là ont choisi un seul objet à emballer dans du beau papier fixé par un large ruban. Noël au Carré Rive Gauche a en effet commencé le 6 décembre, jour de la fête de Saint-Nicolas et s’achèvera le 24 décembre, veille de la fête de Noël.

Pour le mystère de la scène représentée et le goût pour l’art japonais, dans la galerie Tiago, on a mis la main sur une pierre à encre conçue par Nakamura Chobe (Japon, Période Edo, 1603-1868), datée de la moitié du XVIIIsiècle. La pierre à encre est particulièrement précieuse en Extrême-Orient, notamment en Chine et au Japon. Elle est considérée comme l’un des quatre trésors des lettrés, les autres étant le papier, le pinceau et l’encre. On l’utilise en frottant un bâton d’encre dans de l’eau afin d’obtenir de l’encre de Chine liquide. Le lettré trempe ensuite un pinceau à lavis, et trace ses calligraphies. Le couvercle de cette boîte à calligraphie (suzuribako), de forme carrée, laquée noir et or est un véritable petit tableau dans lequel s’ébattent deux chats devant un tronc d’arbre et des fleurs.

Parmi les autres curiosités, on a remarqué dans la galerie Bertrand de Lavergne une statuette en cristal de roche, posée sur un socle en bois sculpté. Cette pièce, exécutée en Chine vers 1900, représente Guanyin, forme chinoise de la divinité bouddhiste Avalokiteśvara, dans une attitude de méditation, tenant un sceptre de Ruyi dans la main gauche. Guanyin est la déesse marine de la miséricorde, féminisée depuis la période des Song. Il existe d’elle une statue de 108 mètres de haut, 14ᵉ plus grande statue au monde. Elle se trouve à Sanya, dans la province insulaire de Hainan, à l’extrémité sud de la Chine. Quant au sceptre de Ruyi, que l’on voit souvent depuis la dynastie Qing dans les représentations chinoises, il est en fait un objet de lettré qui sert souvent de présent de bon augure. En mandarin, « ruyi » veut dire « que vos souhaits se réalisent ». Ce qui peut avoir une relation avec sa forme qui a évolué avec le temps. Il a d’abord commencé à imiter celle du champignon d’immortalité « Lingzhi ». Un tel objet ne pouvait que gagner une grande popularité. Fabriqué dans tous les matériaux, il reprend des décors à motifs de bon augure. C’est ce qu’a compris saint Nicolas, qui regarde d’un meilleur œil les bois de ses rennes.

Carré Rive Gauche, 16 rue des Saints-Pères, 75007 Paris

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