Omphale en dame romaine

Publié le 09/12/2022

Ce buste en terre cuite d’Omphale, réalisé vers 1693 par Michel van der Voordt, était exposé à la Fine Arts de Paris & La Biennale

Galerie Sismann

Dans la mythologie grecque, Héraclès, fils de Zeus et d’Alcmène, tient une place à part. Outre les travaux qu’il eût à accomplir et qui sont tout à son bénéfice, il a laissé l’image d’un personnage excessif, loin de celle d’un sage comme les philosophes se sont complus à lui donner. Son histoire n’est pas simple, y compris celle de ses amours. Sans vouloir relater les 12 travaux que lui infligea Eurysthée après qu’il ait massacré ses enfants, nous pouvons nous pencher sur ce qu’il advint après les avoir accomplis. Peu enclin à la sagesse, il tua Iphitos, le fils d’Eurytos qui ne lui avait pas donné en mariage sa fille Iole. Pour se laver de ce crime, il fut condamné à être placé comme esclave auprès d’Omphale, reine de Lydie. On dit qu’Héraclès fut contraint de filer la laine à ses pieds ; on énumère encore une série d’exploits dont la liste occupe deux colonnes du Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine de Joël Schmidt (Larousse, 1985). De quoi séduire la belle Omphale.

Si les représentations d’Héraclès ou Hercule sont nombreuses, celles d’Omphale sont plus rares. Cranach exécuta vers 1532 un double portrait. Le Musée national de Naples conserve une plaque sculptée en demi-ronde-bosse figurant dans un cadre les travaux d’Héraclès entourant le couple debout. Omphale pose la main sur l’épaule de son ancien esclave devenu son mari. Les amours de ces deux héros constituent un thème populaire qui appartient au genre du « monde à l’envers ». Selon une légende romaine, les amants échangèrent leurs vêtements, leurs attributs et leurs rôles. C’est ainsi qu’à partir de la Renaissance, des peintres les représentèrent lui, vêtu en femme, et elle, revêtue de la peau du lion de Némée et brandissant la massue de son époux. Antonio Canova (1757-1822) exécuta une représentation d’Omphale nue portant ces attributs. Plus tard, Auguste Carli (1868-1930) reprit la même modèle, avec une représentation toujours nue mais debout.

Plus gracieux est le buste que réalisa vers 1693 Michel van der Voordt (1667-1737). Cette terre cuite des Flandres (hauteur : 54,5 x 50 cm) était présentée par la galerie Sismann lors de la Fine Arts Paris & La Biennale. Cet artiste fut surnommé « Welgemaeckt » (« bien fait ») lors de son adhésion aux Bentvueghels, une association d’artistes principalement hollandais et flamands travaillant à Rome. Michel van der Voordt est davantage connu pour le mobilier d’église baroque réalisé pour les principales églises de Flandre. On dit que son style exprime à la fois l’exubérance du baroque tardif et la recherche de la simplicité du classicisme. Toujours est-il qu’il produisit des œuvres profanes d’inspiration mythologique. Son séjour à Rome ne doit pas y être étranger… Il reste que son Omphale, délicieusement féminine, n’est Omphale que parce qu’il l’a bien voulu, car inspiré par une belle Romaine.

Galerie Sismann, 33 Quai Voltaire, 75007 Paris

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