Panonceaux parisiens d’une autre époque

Le panonceau fixé à une potence sur la façade de l’immeuble était prometteur. Celui-ci, en fer émaillé, de forme rectangulaire, porte une inscription en lettres blanches sur fond bleu, sur les deux faces : « Appartements à louer ». Il a été adjugé 650 € à Drouot, le 21 mars 2023 par la maison de ventes Lucien Paris. Cette dernière joue sur les mots avec son nom, « Lucien Paris », pour proposer des objets provenant de l’ancienne vie parisienne… Bancs de jardin, tables de bistrots, sièges et portes de voiture de métro, rangées de fauteuils de cinéma, objets de réclame, enseignes représentant une véritable plongée dans un passé pas si éloigné qui réjouit les collectionneurs d’insolite. Des panonceaux comme cette invitation à louer un appartement renvoient en revanche à une préoccupation que bon nombre de contemporains ont à supporter.

Ce n’est pas le tout de dénicher un appartement, encore convient-il d’en choisir l’arrondissement et la rue. Un fronton de plaque nominative de rue (lave de Volvic, dite pierre de Volvic) émaillé, en anse de panier, portant l’inscription « 2me. Arrt. », en lettres blanches sur fond bleu, l’encadrement vert (seconde moitié du XIXe siècle, 18 x 52 x 1,5 cm), a trouvé preneur à 500 €, tandis qu’une plaque « Rue Vivienne » de la même époque (même description, 35 x 54,8 x 1,8 cm) l’accompagnait à 500 €. Ouf ! Enfin une adresse. Pour se rendre dans l’appartement, il suffisait de suivre les indications portées sur cette plaque : « 2e étage droite 24 à 29 » (fer émaillé de forme rectangulaire légèrement bombée, encadrée d’un liseré noir). Ceci coûte aujourd’hui 80 €. Il restait à s’adapter au nouvel immeuble avec ses règles. La première entre toutes était apposée dans le hall d’entrée, face à la loge de la concierge : « M. M. Les locataires sont priés de dire leur nom passé 10H. du soir » (fer émaillé de forme rectangulaire portant l’inscription en lettres noires sur fond blanc encadrées d’un filet bleu, en service vers 1930, 15 x 25 cm). On a tiré le cordon pour elle à 320 €.

Ce n’est pas tout. L’impossible Monsieur Pipelet du film d’André Hunebelle, interprété par Michel Simon en 1955, avait fait (du moins nous le pensons) fixer une plaque en fer émaillé, de forme rectangulaire légèrement bombée, portant l’inscription, en lettres noires sur fond blanc, au ton comminatoire ainsi intitulée : « Avis M.M. les fournisseurs sont priés de ne plus monter après 10h ». Cette œuvre d’art domestique (30 x 21 cm, datée du début du XXe siècle) a été emportée à 200 €.

Vers 1900, on fixait sur le sol, juchés sur un fût fuselé, la base tripode feuillagée des écriteaux en fonte peints en gris, portant l’inscription en bas-relief : « Défense de circuler sur la voie », sommé d’un écusson encadré de feuillages. Ce discret et élégant poteau daté du tout début du XXe siècle (224 x 75 cm) pourrait retrouver du service pour 420 €.

Lucien Paris, 5 rue des Lions Saint-Paul, 75004 Paris