Paul Iribe, de Coco à l’Art déco

Publié le 12/09/2016

Paul Iribe, Commode en acajou et tulipier, intérieur acajou clair, dessus en ardoise, revêtement en galuchat teinté vert, boutons en ébène, piétement et guirlandes en ébène sculpté, v. 1912.

Les Arts Décoratifs

Paul Iribe (1883-1935) fut illustrateur de mode, caricaturiste, éditeur, directeur artistique, metteur en scène, patron de presse assisté par Jean Cocteau, fiancé de Coco Chanel. Il semble avoir vécu plusieurs vies en une seule. Cependant, cet artiste, l’un des plus prolifiques de la première moitié du XXe siècle, est l’un des plus méconnus. Âgé de 17 ans, il signa un premier dessin, dès sa sortie de l’école des Beaux-Arts de Paris, et, quand il mourut d’une crise cardiaque, à l’âge de 52 ans, dans la villa de Coco Chanel, il avait encore de multiples projets en tête. Colette disait de lui : « Cet homme est un bien intéressant démon ».

En 1906, Paul Iribe créa une publication, Le Témoin, pour laquelle il avait pour collaborateurs Jean Cocteau, Juan Gris, Sacha Guitry et Félix Vallotton ; puis Le Mot, en 1914, avec Jean Cocteau. Pour ces deux revues, il fit preuve d’une géniale maîtrise de la mise en page et de la typographie. Puis, à partir de 1910, Paul Iribe dessina des bijoux pour l’orfèvre Robert Linzeler, des tissus pour André Groult, du mobilier et des robes pour Paul Poiret, des meubles pour Coco Chanel, Jeanne Lanvin, ou le collectionneur et couturier Jacques Doucet. Ce dernier lui confiera l’aménagement de son nouvel appartement.

Paul Iribe s’installa, en 1920, pour six ans, à Hollywood où il rencontra le cinéaste Cecil B. de Mille, avec lequel il collabora sur seize films, dont Les Dix Commandements. Quand il rentra en France, il réalisa et publia de nombreux catalogues publicitaires pour Nicolas, le paquebot Normandie, Ford ou Mauboussin.

De toutes ses activités, Paul Iribe fut surtout un décorateur, précurseur de l’Art déco. C’est ce que souligne et donne à voir l’exposition qui se tient en septembre à la galerie Vallois, qui réunit pour la première fois un important ensemble de meubles. Et il aura fallu vingt ans à Cheska Vallois pour dénicher meubles et objets, car ils sont aujourd’hui très rares. Ce génial touche-à-tout ne conçut des meubles que sur une très courte période, principalement en 1913 et 1914. En 1908, il avait créé la fameuse fleur stylisée, « rose Iribe », un motif qui se répète dans ses créations. Ce fut un symbole du mouvement Art déco.

Pour cette exposition exceptionnelle, l’antiquaire a rassemblé une douzaine de meubles dont la moitié sera proposée à la vente. Parmi ceux-ci, il y aura un fauteuil « Nautile » avec ses accoudoirs à enroulements sculptés de perles et de guirlandes fleuries, et une petite commode entièrement recouverte de galuchat rose, un modèle proche de celle que l’on peut voir au musée des Art décoratifs. Ces deux meubles sont marqués de la modernité qui éclora bientôt, malgré de petits détails qui indiquent encore le siècle précédent.

 

LPA 12 Sep. 2016, n° 120j5, p.14

Référence : LPA 12 Sep. 2016, n° 120j5, p.14

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