Paul Morand est son habit

Publié le 03/01/2025
Paul Morand est son habit
AnonymousUnknown author, Public domain, via Wikimedia Commons

Paul Morand (1888-1976) et l’Académie française est le seul roman qu’il a vécu, mais n’a pas écrit. Sa renommée, déjà bien installée en 1936, se présenta en 1936 à l’Académie, au fauteuil de Paul Cambon (1843-1924). Ce qui était logique ; ce dernier, haut diplomate, alors ambassadeur de France près la cour de Saint-James, avait été le supérieur du jeune Paul Morand, nommé attaché dans ses services. Las, il n’obtint que 6 voix. De retour en Angleterre avant la Seconde Guerre mondiale, en tant chef de la mission française en Angleterre de guerre économique, il refusa les propositions du général de Gaulle. À Vichy, il accepta le poste de chargé d’affaires à Bucarest, sans doute afin de veiller sur les intérêts financiers de sa femme, Helena Chrissoveloni, princesse Soutzo (1879-1975). Face à l’avancée des troupes soviétiques, Jean Jardin le fit nommer ambassadeur à Berne en Suisse. C’était assurément un manque de clairvoyance. S’il ne fut pas poursuivi pour un délit, il fut contraint à l’exil à Vevey en Suisse jusqu’en 1953, date à laquelle, il retrouva ses droits dans l’administration.

L’Homme pressé, comme on le surnomma après la parution de son roman éponyme, refit une tentative à l’Académie. L’inimitié du général de Gaulle, et surtout des académiciens gaullistes comme François Mauriac, provoqua une séance houleuse et une suspension du scrutin. Pierre Benoît qui avait animé la candidature de Paul Morand, décida de ne plus siéger. Dix ans plus tard, l’auteur de Venises – avec un s – reprit le chemin du quai Conti afin d’obtenir le fauteuil de Maurice Garçon, et l’emporta le 24 octobre 1968. Le général de Gaulle avait levé son interdiction, mais, contrairement à l’usage, ne reçut pas le nouvel élu à l’Elysée. Paul Morand devait décéder le 23 juillet 1976. Sa succession et celle de sa femme fut livrée aux enchères les mercredi 16 novembre et jeudi 17 novembre 1977, par la maison Ader, Picard Tajan. Sa bibliothèque et ses archives avaient été légués à la Bibliothèque de l’Institut de France, Me Maurice Rheims, en tant qu’exécuteur testamentaire, avait veillé à tout cela.

Son habit d’académicien, comprenant une veste brodée, un gilet, un pantalon, et une cape portant une étiquette à son nom (pour la déposer au vestiaire de l’Institut), a été vendu 4 700 €, le 20 mai 2010 par la maison Beaussant Lefèvre. Ce même costume est repassé en vente, le 20 décembre 2017, provenant de la collection Aristophil, et a été adjugé 2 860 €. Enfin, une troisième fois l’habit vert est revenu sous le feu des enchères et a été vendu 3 200 €, à Drouot par la maison Joron Derem. Il reste que dans cette panoplie, manque le bicorne, et surtout son épée…

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